
Vinça
Vinça Pyrénées-Orientales Occitanie
La commune de Vinça ~Vinçà est située au long du lit creusé par la Têt. Une partie de son territoire de 774 hectares fut immergée lors de la création et la mise en service de la retenue d'eau en 1978.
Profitant de la retenue d'eau ainsi que des deux petits lacs secondaires, le lac des Escoumes et le lac de Conillac, les terres de Vinça sont principalement consacrées à la culture des arbres fruitiers et de la vigne.
De nombreux petits cours d'eau sillonnent le territoire et notamment la rivière de la Lentillà. Elle prend sa source sur la commune de Valmanya dans le massif du Canigou et s'écoule ensuite sur 24 km traversant les communes de Baillestavy, Finestret, Espira-de-Conflent puis se jette dans la partie ouest de la retenue d'eau, le lac de Vinça.
La première mention de Vinçà apparut dans les écrits en 939 sous la forme de "castrum Vinsanum". Il semblerait qu'elle faisait référence à un château médiéval peut être situé au lieu "el castelló" au nord-ouest du village actuel sans que ceci ne puisse être confirmé par quelques vestiges.
Successivement "villa Vincanum" en 950, "Vinzanum" en 982, "Vincianum" en 1009, le toponyme de "Vinçà" n'apparaîtra qu’au 14e siècle.
Quasiment à la même époque fut cité au sud de Vinçà le hameau de Sahorle ~ Saorla en 950. Un temps lié à la seigneurie de Fuilla ~ Fullà en 1067, le hameau rejoindra la vicomté de Joch ~ Jóc jusqu'à la Révolution française avant d'être incorporée à Vinçà.
De nos jours, malgré l'urbanisation le vieux village de Saorla reste autour de sa chapelle dédiée à Sainte-Marie-Madeleine.
La petite église Santa Maria Magdalena de Saorla à nef unique fut construite au cours du 16e siècle en galets de rivière.
Sur la rive gauche de la Lentillà aux abords de la Têt, on trouve trace sur la carte de Cassini au 18e siècle d'une église Santa Maria Magdalena de Lentillà, parfois appelée Nentillà. Elle fut mentionnée en 1299, ainsi qu'en 1688 sous la forme d'"Hermita de Santa Magdalena de Nentillà". De nos jours disparue seul le lieu-dit subsiste bordant la RN116.
Jadis sur la rive gauche de la Têt se trouvait le hameau de Nossa plus connu sous le nom des "Bains de Nossa".
Dans la tradition populaire, il fut dit que les religieux Saint-Michel de Cuxa venaient se baigner en ce lieu.
Mentionné à différentes époques, "Coma dels Banys"ou bien « Font del sofre" en 1286, les eaux de Nossa attirèrent l'attention du Dr Thomas Carrère dès 1754, pour ses eaux sulfureuses dans le traitement des maladies de la peau ou respiratoires.
Au début du 19e siècle le lieu, cité dans de nombreuses revues scientifiques de l'époque devint un enjeu économique pour le maire de Vinça Sébastien Escanyé qui y vit le moyen pour sa commune de se développer.
Un établissement thermal y fut construit dans les années 1810-1812 dont l'activité perdurera jusqu’en 1932, date de sa fermeture.
La construction du barrage de Vinçà et sa mise en eau entre 1975 et 1978 a recouvert d'eau les vestiges de l'établissement thermal.
Autre ancien hameau disparu celui de Belloc situé en limite avec la commune voisine de Rodès, dominant le lac il ne reste de son passé que la chapelle Saint-Pierre de Belloc ~ Sant Pere de Bell-lloc.
Bien connu pour sa retenue d'eau, Vinça n'en reste pas moins une ancienne ville royale jalonnée d'un riche patrimoine historique.
Le noyau de la cellera de Vinça se formera autour de son église Saint-Julien-et-Sainte-Baselisse ~ Sant Julià i Santa Basilissa au cours du 11e siècle.
Une promenade dans le centre historique de Vinça vous conduira aux restes des remparts et des portes fortifiées de cette ancienne ville royale.
Vinça devint ville royale en 1172 sous le règne d'Alphonse II, roi d’Aragon.
Au début du 13e siècle, Jacques Ier d'Aragon organisant la défense du Roussillon accordera en 1245 une exemption des droits aux habitants de Vinça, à condition que ces derniers construisent avec leurs deniers un mur autour de la ville.
La porte du Barri construite en 1245 et celle de Marcevol en 1330 sont deux des quatre portes d’entrée de la ville, témoins du mur d'enceinte de l'époque.
Elles sont visibles le long de la rue des Remparts, au nord de l'ancienne cellera.
Au hasard des petites ruelles, vous croiserez certainement quelques-unes des nombreuses fontaines de Vinça, rue du Barri, rue de la Baralla, ou bien encore place du Puig.
Et au pourtour de l'église Saint-Julien-et-Sainte-Baselisse, ou bien Place Bernard Alart à découvrir quelques maisons à pan de bois et encorbellements, témoins de l'époque médiévale.
L'hospice Saint-Sébastien
Au début du 14e siècle, un nouvel hospice sera construit en remplacement du précédent devenu trop exigu. Destiné à l'origine à accueillir les déshérités et les pèlerins, il sera transformé à partir du 17e siècle en hôpital et assurera les soins aux malades jusqu'au début du 20e siècle. Fermé définitivement dans les années 1950, il sera ensuite converti en auberge de jeunesse.
L'hospice possédait sa propre chapelle Saint-Sébastien ~ Sant Sebastià du 15e siècle, rue Michel Touron, sur les murs de laquelle figurent de nombreux exvotos témoignant des dons de personnes fortunées de l'époque, ainsi qu'un retable de Saint-Sébastien.
Le couvent du Carmel
Au sud du village en direction de Joch, les Capucins construiront un couvent en 1589. Vendu comme bien national en 1793 à la suite de la Révolution Française, il sera racheté par un bienfaiteur vinçanais et accueillera à partir de 1861 le Carmel de Vinça et les sœurs Carmélites déchaussées, qui y résident toujours de nos jours.
Les croix de carrefours
La commune de Vinça compte sur son territoire cinq croix dites « de carrefours » dont deux classées aux Monuments Historiques.
Destinées à guider les voyageurs, on les rencontrait souvent à la croisée des chemins, orientant le voyageur lors de son pèlerinage et le protégeant de l’inconnu et des mauvaises rencontres.
Sur Vinça, elles furent taillées dans du marbre pour la plupart au cours des 15e et 16e siècles.
La Croix de carrefour dite Croix Noell située au 45 rue du Barris est datée du 15e siècle et classée au titre des Monuments Historiques depuis 1989. Au pourtour de la croix est apposée en lettres gothiques l'inscription : Mossen Guille (m) Riba Alias Maco Ma Feta Fer, faisant allusion à l'un des membres de la famille des Guillem Riba, consuls de Vinçà de 1361 et 1407.
L'autre croix dite « Croix de cimetière » est datée du 15e siècle et est située à l'intérieur du cimetière. Elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1910.
À découvrir Place de la République, à l'angle d'une maison une croix de marbre rose datée du 17e ainsi qu'une autre Carrer del Real.