
Baixas
Baixas Pyrénées-Orientales Occitanie
Située entre les fleuves de la Têt et l'Agly, la commune de Baixas ~ Baixàs s'étire sur 1 891 ha, des pentes méridionales du Roc del Pas de l'Escala jusqu'aux confins des communes de Baho et de Villeneuve-la-Rivière.
Les vignobles des cépages de Muscat, Grenache, Macabeu, Carignan, s'étendent sur la majorité de ses paysages. À l'instar de Villefranche-de-Conflent, Céret, ou encore de Bouleternère, ses carrières de marbre aux reflets bleu gris y furent exploitées dès le 13e siècle.
Le village a conservé de nombreuses traces de son passé, et notamment une grande partie de son enceinte médiévale.
Différentes découvertes au niveau de l'aven de la Cova de l'Amaga la Dona, au nord-ouest de la commune, attestèrent dès 1976 d'une présence humaine dès l'Âge du cuivre sur le territoire. Les fouilles entreprises mirent à jour notamment une sépulture collective où ont été retrouvés les ossements d'une soixantaine d'individus ainsi que des silex, des parures, et des céramiques.
On trouve trace de Baixàs dès 843, sous les termes de Baxianum. Le village se formera alors en cellera autour de sa petite église paroissiale à l'origine dédiée à Saint-Étienne ~ Sant Esteve. Une première petite enceinte la bordera ainsi que quelques celliers.
L’église Sainte-Marie .
L'église Saint-Étienne sera mentionnée en 925, lors de sa vente ainsi que celle de la cellera au profit de l'évêché d'Elne qui en restera propriétaire jusqu'à la Révolution française. D'origine préromane, elle sera reconstruite au cours de la seconde moitié du 12e siècle, et sera alors consacrée à la Vierge Marie.
Au 14e siècle l'église Santa Maria sera agrandie et son clocher-tour quadrangulaire en marbre de Baixas rehaussé. Au 17e, sa nef sera réorientée, et complétée de chapelles latérales.
C'est à la même époque qu'apparaîtra son grand retable baroque, œuvre du sculpteur Lluís Generes. Ce majestueux retable du maître-autel recouvert de peinture dorée, de 17 m de haut et 12 m de large, nécessita près de trois années de travail.
Un vieil adage faisant allusion au coût de sa réalisation en a fait naître une expression de référence : "És car com lo retaule de Baixàs" "Il est aussi cher que le retable de Baixàs".
Il est classé au titre objet aux Monuments Historiques depuis 1913 et est reconnu comme le plus grand retable baroque du Roussillon.
Outre le retable du maître-autel, l’église Sainte-Marie abrite de nombreux autres retables dans ses chapelles tels que le retable du Rosaire, le retable de Saint Gaudérique, des statues du 17e et 18e siècle, ainsi qu'une cuve baptismale du 16e siècle.
L’église Sainte-Marie est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1982.
Les fortifications de Baixas.
Au détour des petites ruelles et passages voûtés de Baixas, le cœur du village conserve d'importants vestiges de ses fortifications, et en particulier diverses portes permettant d'accéder à la cellera.
Construite au début du 14e siècle, cette nouvelle enceinte fut dotée de cinq portails, la Porte de Pamiers, la Porte rouge, la Porte Notre-Dame, la Porte Saint-Joseph et la Porte de Narbonne. Au pourtour de la cellera neuf tours de guet viendront complétées l'ensemble.
L'ermitage Sainte Catherine.
Situé au pied des carrières de marbre et de la Sierra Pietat au nord-ouest du village, l'édifice est mentionné en 1401 sous le nom de "Capella de la Beata Caterina de l'ermita àlies dels Cannils".
Il semble cependant avoir été construit quelques années auparavant vers la fin du 14e siècle.
Contrairement à la plupart des autres ermitages du département qui utilisaient d'anciennes églises abandonnées, Santa Caterina fut originellement construit pour abriter un ermitage.
En 1688, il fut rebaptisé "Ermitage de Sainte Catherine", et son existence perdura jusqu'à la Révolution française. Confisqués au profit de l'État en 1792, tous ses biens mobiliers furent transférés à l'église paroissiale de Sainte-Marie de Baixas.
Au siècle suivant, lorsque les règles anticléricales furent assouplies, l'ermitage fut rouvert au culte.
Au cours du 20e siècle, il devint la propriété de la commune qui y conduira plusieurs restaurations. Principalement composé d'une chapelle, l'ermitage est complété par quelques petits bâtiments.
Seule la chapelle est ouverte au public deux fois par an : le 25 novembre, à l'occasion de la fête de la Sainte-Catherine, patronne de Baixas, et le 5 août lors de la fête du village « Notre Dame des Neiges ».
À l'intérieur, la chapelle a conservé son bénitier du 17e siècle, une statue de Sainte Catherine d’Alexandrie, et un Christ en croix.
À 1.5 km environ du village, l'ermitage est facilement accessible en utilisant le chemin de Sainte-Catherine.
Les marbres de Baixas.
L'histoire du village de Baixas s'est inscrite entre le marbre et le raisin.
Si Villefranche-de-Conflent et Bouleternère ont leurs marbres roses et rouges, Céret son marbre blanc veiné de bleu, le marbre de Baixas quant à lui oscille entre le blanc et le bleu. Utilisés dès le 13e siècle, les marbres de Baixas ont servi à la construction et à la décoration de nombreux édifices tels que bien sûr l'église Sainte-Marie de Baixas, mais aussi à Perpignan, le Castillet, l'église Saint-Jacques, la Loge de Mer, le Palais des rois de Majorque... l'église Saint-André d'Evol, ou bien encore l'église Saint-Michel de Saint-Génis-des-Fontaines. Brèche orientale. 🔻
Le marbre de Baixas a même traversé l'Atlantique puisque certaines colonnes de la basilique de l’Immaculée Conception à Washington (États-Unis) ont été réalisées en brèche romaine de Baixas. 🔻
Le marbre de Baixas est composé de deux grands types de roche nommés, la "brèche romaine" désignant des éléments blancs ou gris clair parfois bleuté liés par un ciment rose saumon et la "brèche orientale", éléments noirs, gris et blancs dans un ciment jaune-ocre. Brèche romaine. 🔻
De par ses qualités de résistance aux pressions, il était fréquemment employé dans les parties basses de constructions, qu’elle soit religieuse, civile ou militaire, mais aussi en élément de décoration comme les corbeaux du hall d’entrée de l’hôtel de ville de Perpignan, ou bien les enfeus du « Campo Santo ». 🔻
La Révolte des vignerons de Baixas.
L'histoire du village de Baixas est intimement liée à ses vignes. Sur fond de crise viticole naîtra dans les villages d'Argelliers dans l'Aude et de Baixas, la Révolte des vignerons de 1907.
À la fin du 19e siècle, un petit puceron jaune venu d'Amérique appelé "phylloxéra" entamera ses ravages et dévastera les vignobles du département.
L'unique solution pour combattre ce fléau sera d'arracher les ceps, et d'en replanter de nouveau en utilisant des plants américains sur lesquels seront greffés les cépages roussillonnais. Bien que résistant au phylloxéra, ces nouveaux plants seront sensibles aux maladies qu'il faudra combattre à coups de soufre et de sulfatage de cuivre ce qui augmentera considérablement les coûts de production.
La solution, planter davantage de vignes pour pouvoir en tirer un meilleur rendement. C'est sans compter sur les intermédiaires qui malgré la crise du "phylloxéra" achèteront la production aux tarifs le plus bas afin d'en tirer plus de bénéfice.
Afin de lutter contre cette emprise, les premiers syndicats agricoles verront le jour dans les années 1890.
En 1907, la goutte d'eau. L'importation des vins d'Algérie et les vins falsifiés au sucre du nord satureront le marché de consommation, aggravant le déséquilibre entre l'offre et la demande et généreront la chute des cours.
Au printemps 1907, c'est tout le midi de la France qui s'enflammera et deviendra "La Révolte des vignerons".
Baixas sous l'impulsion de son maire Joseph Tarrius vigneron et pharmacien entame une grève fiscale. Il fera signer à ses concitoyens une pétition " la commune de Baixas, incapable de payer l'impôt, est sous le coup d'expropriation en masse. Il n'est qu'un impôt que nous puissions payer et que nous payons encore: l'impôt du sang".
Malgré la répression organisée par le cabinet de Georges Clemenceau, cette révolte permettra la mise en place de nombreux textes au parlement et notamment la loi protégeant le vin naturel contre les vins trafiqués, la déclaration par tous les propriétaires de la superficie de leurs vignobles ainsi que les déclarations de récolte et de stock.
En 1907, naîtra à Baixas une première "coopérative socialiste vinicole de vente des Pyrénées-Orientales", mais qui ne survivra pas aux difficultés financières. Il faudra attendre 1923, pour qu'apparaisse la" Cave Coopérative Vinicole de Baixas" regroupant près de 140 propriétaires qui deviendra dans les années 1950, une des plus importantes du département.
Quelques années plus tard, la coopérative deviendra les "Vignobles Dom Brial" en hommage à l'homme d'église Michel Jean Joseph Brial, qui décida de léguer une rente perpétuelle aux communes de Baixas et Pia afin que celles-ci offrent des écoles gratuites aux enfants les plus pauvres.
De nos jours, Dom Brial regroupe près de 250 vignerons qui cultivent 2100 hectares de vignobles répartis sur 30 communes, produisant des vins d'appellation Côtes du Roussillon, Côtes du Roussillon Villages, Muscat de Rivesaltes, Rivesaltes et Côtes Catalanes.