Salses-le-Château

677 km

Salses-le-Château Pyrénées-Orientales Occitanie

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Salses-le-Château ~ Salses est située au nord du département en limite des contreforts des Corbières, et de l'Aude. Vaste commune de 7128 ha, son territoire est occupé pour un quart par les eaux de l'étang de Salses-Leucate, le reste appartenant à la plaine de la Salanque, ses vergers et ses vignes.
Comme une bonne partie des villages de la Salanque, Salses possède un ensemble de canaux de drainage. 



Elle est considérée comme "La porte des pays catalans", car elle délimitait jusqu'en 1659, date du traité des Pyrénées, la frontière avec le Royaume de France. Il s'avère cependant que sa voisine Opoul-Périllos et notamment le village Perellós aujourd'hui abandonné, soit le point le plus septentrional du département. Une sculpture "Porte des Pays catalans", œuvre du sculpteur Emili Armengol, fut inaugurée en 2003 le long de l'autoroute La Catalane, à environ 2 km au nord de l'aire d'autoroute du Château de Salses.



Le territoire de Salses fut l'un des plus anciens habitats de l'époque néolithique dans le département. Sur le site d'une vaste cavité,  la Cova de l'Esperit près de Vespella c'est Jean Abélanet, pionnier de l'archéologie du département, qui authentifiera en 1952 l'occupation primitive du lieu.



Dominant l'étang de Salses,  le dolmen de l'Oliva d'en David découvert en 1995 est situé à proximité du Pla des Arques, presque au sommet d'un petit tertre. Il est lui aussi un témoin du passé de l'âge de Bronze malgré qu'il ait perdu sa dalle de couverture. 



Le nom de Salses apparaîtra dès l'Antiquité. Située sur l'axe de la voie Domitia, passage très fréquenté, le géographe latin Pomponius Mela du 1er siècle mentionnera le lieu sous la forme de "Salsulae fons" ou "source salée", évoquant certainement  les résurgences salées de la Font Estramar (appelée aussi Font-Extramer) et de la Font-Dame.
Des vestiges d'époque romaine furent mis à jour et notamment une tombe découverte en 1830 dans une vigne près du hameau de Garrieux. Une urne renfermant les os d'un défunt ainsi que des petites fioles, des vases y furent déterrés.


Au 3e siècle, la cité prendra le nom de "Salsulis", au moyen-âge celui de "Villa Salsinas". Il faudra attendre le début du 19e siècle, pour voir apparaître les termes de "Salses" ou "Salces", et ce n'est qu'en 1986, que Salses deviendra Salses-le-Château.


Les châteaux de Salses

En 1047 apparaît la première mention écrite d'El Castellvell, château primitif de Salses. Il était situé à l'ouest de la ville, perché sur un piton rocheux à 125 m d'altitude d'où il dominait le village. À l'époque, poste frontière du nord du royaume il était la propriété des comtes de Roussillon. Il possédait sa propre chapelle "Santa Tecla de Castellvell".



En contrebas d'El Castellvell, le village "Villa Salsas" est mentionné dès 951. Il fut construit en lieu et place de l'actuelle forteresse de Salses. Ce village  concentré, fortifié possédait son église paroissiale, première église Saint-Étienne ~ Sant Esteve consacrée en 1114 par l’évêque d'Elne, ainsi qu'un château royal Castell vell ou Castell Reial



En 1385, Salses comptait 69 feux (un feu correspondant environ à  trois à cinq personnes,).  Mais les différents fléaux et conflits qui survinrent à la fin du Moyen Âge réduisirent considérablement le nombre d'habitants, réduisant la population à 10 feux en 1515.

Une des principales raisons à ce dépeuplement fut liée au pillage et à la destruction  de la ville par les troupes françaises du roi de France Charles VIII, le 9 octobre 1496. L'armée française détruisit la ville, son église, et ses châteaux.

Cette attaque poussa le roi d'Aragon à mieux protéger "le Pas de Salses", frontière nord de son royaume en verrouillant le seul passage praticable entre les marais et les collines, Salses.
Sur les ruines de l'ancien village, et en expropriant par ordonnance royale les derniers habitants, Isabelle de Castille dite la Catholique et Ferdinand II d’Aragon feront entreprendre dès juin 1497 la construction de la nouvelle forteresse royale de Salses.



À la même époque, un nouveau village sera reconstruit  au sud de la forteresse à son emplacement actuel. Il faudra cependant attendre 55 ans pour que la nouvelle église Saint-Étienne soit reconstruite. Alors que sa construction durera de 1551 à 1584, elle sera à nouveau endommagée au cours du 17e siècle lors du siège de Salses en 1639. Une grande partie de l'église, y compris son clocher semble avoir été reconstruite en 1693, comme l'indique la date inscrite au-dessus de son portail. À nouveau remaniée au 19e siècle, elle verra sa nef s'effondrer en 1965 et être reconstruite l'année suivante.



Complètement disparu de nos jours, il semble qu'un autre château et sa chapelle furent édifiés à l'est de Salses au lieu-dit "Sant Joan" au milieu des sagnes qui bordent l'étang.  
Mentionné au 12e siècle, il a appartenu pour un temps aux Vernets, puis par mariage aux vicomtes de Castellnou, et fut cédé en 1301 à Jacques II de Majorque. La chapelle fut mentionnée entre les 13e et 15e siècles avant de disparaître complètement des écrits.​



Le hameau de Garrieux.

Le territoire de Salses a compté au cours du moyen-âge de nombreux petits hameaux dont certains ont réussi à traverser les siècles.
Le hameau de Garrieux ~ Garrius situé sur la rive sud de l'étang en limite de commune de Saint-Hyppolyte est aujourd’hui constitué de quelques maisons et de la chapelle anciennement paroissiale de Sainte-Cécile de Garrieux ~ Santa Cecília de Garrius.



Construit sur le site d'une ancienne une villa romaine, et mentionné en 1100 (Villa Garicis), Garrius  fut le siège d'une seigneurie. Au 13e siècle, les Templiers de la Commanderie du Mas Déu prirent possession comme dans de nombreux autres villages, de quelques terres.



La première mention de la chapelle Santa Cecília de Garrius apparaît en 1260, date à laquelle elle fut acquise par le monastère de Saint-Hilaire dans l'Aude. De style roman, le plan de la chapelle est en forme de croix latine suite à l'ajout au sud d'une première chapelle latérale au 14e siècle puis une seconde au nord en 1446. 



Un temps déserté par ses habitants du fait de son environnement marécageux, sa population évoluera suite aux travaux d'assainissement des terres avoisinantes au cours du 16e siècle, mais insuffisamment pour éviter son rattachement à Salses  après la Révolution Française.

Traditionnellement chaque année, la chapelle Santa Cecília de Garrius voit se réunir danseurs de sardanes et cobla lors de l'aplec annuel du dimanche de Pentecôte.



Les Monuments Historiques

Outre le Camp Joffre, dit Camp de Rivesaltes et sa forteresse du 16e siècle, la commune de Salses abrite deux autres monuments historiques.

Moins colossale mais atypique, la "Baraque Cabrol"  est un des derniers témoignages des "barracas"  traditionnelles dressées autrefois en bordure d’étang ou de mer par les pêcheurs.



Dans le coeur de Salses, situé au 38 avenue Xavier Llobères "La Loge".



Tout aussi surprenant, cet établissement fut créé au 19e siècle, sous le nom de "Café de La Loge". Il a appartenu au propriétaire du "Grand Café de la Loge" à Perpignan devenu de nos jours la boutique "New Yorker".



Ses murs et plafonds sont  soigneusement décorés de moulures, et statues où le style Grand Siècle s'associe aux styles Régence, et Louis XVI.
Ce magnifique décor est l'œuvre des Compagnons du Tour de France qui y ont laissé leur empreinte. 
Au rez-de-chaussée au fond de la grande pièce  deux volées d’escaliers mènent aux étages. 
"La Loge" est inscrite depuis le 23 mai 2014 aux Monuments Historiques.



Au-delà d'être un monument historique chargé d’histoire, "La loge" reste un restaurant où la cuisine catalane est mise à l'honneur.