
Rivesaltes
7.3 km
Rivesaltes Pyrénées-Orientales Occitanie
📷 ©OTRivesaltes🔺
Le territoire de Rivesaltes~ Ribesaltes est situé à l'extrême ouest de la Salanque en limite de la région naturelle des Corbières.
Aux portes de Perpignan, la commune s'étale sur 2876 ha repartis de part et d'autre du fleuve Agly. Ce dernier qui court d'ouest en est sur les terres de Rivesaltes est rejoint par différents affluents tels qu’El Ròbol, le Còrrec de la Llobera. Le Rec de Claira quant à lui poursuit sa route sur la partie nord-est de la commune.
Bien que la majeure partie du territoire de Rivesaltes soit utilisé pour le vignoble, on notera au nord la présence d'un immense terrain militaire de 600 hectares "Camp Maréchal Joffre" à cheval sur les communes de Rivesaltes et Salses-le Château jadis occupé par le camp de rétention de Rivesaltes et sur lequel se dresse depuis 2015 le musée Mémorial du Camp de Rivesaltes.
Dans la partie sud de la commune à cheval sur Rivesaltes, Peyrestortes et Perpignan, on trouve l'aérodrome de la Llabanère ou Aéroport Sud de France Perpignan.
Le territoire est aussi traversé par de nombreux axes de communication tels que l'autoroute La Catalane, ainsi que la ligne de chemin de fer Narbonne-Port-Bou. La gare de Rivesaltes est un des points de départ du train du Pays Cathare et du Fenouillèdes appelé "Le train Rouge".
Rivesaltes ~ Ribesaltes est mentionné pour la première fois dans les textes en 923 sous la forme "Ribas Altas" tirée du latin "Ripis Altis" signifiant "rives hautes".
L'ensemble du territoire de Rivesaltes sera la possession de l'abbaye de Lagrasse jusqu'à la Révolution française.
En 923 apparaît sur le territoire l'église Saint-André~Sant Andreu qui sera au 10 et 11e siècle l'église paroissiale. De nos jours située à l'intérieur du vieux cimetière de la commune elle fut bâtie en cayrou et galets de rivière. Munie d'une nef unique et d'une abside semi-circulaire, une chapelle latérale lui fut rajoutée au 14e siècle.
Au 12e siècle en 1103 est évoquée à l'ouest de cette dernière une autre église, l'église Sainte-Marie~Santa Maria de Rivesaltes. D'origine romane, trop exiguë, elle fut détruite au 17e siècle pour être reconstruite entre 1657 et 1669 dans un style plus gothique. Son clocher tour quant à lui est postérieur et fut rajouté au début du 18e siècle.
À l'intérieur on découvre entre autres un magnifique retable du maître autel daté de 1676, du sculpteur Jean-Jacques Mélair, ainsi qu'un orgue de tribune signé des frères Grinda en 1824, restauré en 1921 par Théodore Puget & Fils.
Le territoire de Ribesaltes abritera deux autres paroisses. Celle de Saint-Martin-de-Tura~Sant Martí de Turà sur la rive gauche du fleuve Agly, mentionnée au 12e siècle, mais peut être plus ancienne. Plusieurs fois victime des inondations de l'Agly, cette église romane sera remaniée à de nombreuses reprises et fit l'objet de fouilles dans les années 1940 et 1990. Les habitants semblent s'être expatriés du hameau fuyant les inondations et l'édifice classé en chapelle au 17e siècle.
L'autre paroisse fut celle de l'église Sainte-Marie de la Garriga~Santa Maria de la Garriga située elle aussi sur la rive gauche de l'Agly. Elle fut le siège d'un prieuré bénédictin et une propriété de l'abbaye de Saint-Martin du Canigou. À la Révolution française, l'église et ses dépendances furent affectées aux travaux agricoles. Elle est de nos jours située sur une propriété privée.
En 1172, Alphonse I, roi d'Aragon organisant la défense du comté de Roussillon, autorise les habitants à fortifier le village de Rivesaltes.
Un mur d'enceinte sera dressé autour des habitations ainsi que de nombreuses tours de guet. Sur les 7 tours que comptait l'enceinte, on peut retrouver les traces de quatre d'entre elles imbriquées dans les habitations.
La tour de l'Horloge est un des rares témoins de la fortification. Ancienne porte du village détruite en 1755, elle fut reconstruite et rehaussée au 19e siècle.
L'église paroissiale originale de Saint-André se retrouvant en dehors des limites de l'enceinte sera abandonnée au profit de l'église Sainte-Marie, qui sera à l'occasion rebaptisée Saint-André d'où la présence sur le territoire d'une église et d'une chapelle Saint-André.
Le long des berges de l'Agly, l'on peut toujours découvrir quelques vestiges du mur d'enceinte de la fortification. Mais il semblerait que ce mur eut quelques failles et notamment le forat del forn (le trou du four), qui donna naissance à la fameuse légende du Babau.
Arbre Remarquable.
Nous voilà rendus en 1793. Trois années auparavant en 1790 fut planté un arbre de la Liberté à l'issue de la Révolution française au centre du village qui deviendra par la suite la place du Général de Gaule.
Mais en 1793 la guerre du Roussillon entre la France et l'Espagne fait rage. Les troupes s'affrontent de toute part. Après Arles-sur-Tech, Céret, Trouillas, les troupes espagnoles marchent sur Perpignan. Le général Ricardos décide de prendre possession de la colline de Peyrestortes en attaquant les fantassins français basés à Rivesaltes.
Les Français reculant vers Salses-le-Château laisseront la ville aux mains des troupes espagnoles. Le 8 septembre 1793, la ville sera pillée et l'arbre de la Liberté abattu.
Il faudra aux habitants de Rivesaltes attendre presque cinquante ans pour qu'ils puissent replanter le 19 février 1836, leur arbre de la Liberté.
De nos jours du haut de ses 185 ans et de son tronc de plus de 5 mètres de circonférence, il trône toujours sur la place.
Il est dit qu’une de ses branches dut être coupée, car elle empêchait les aiguilles de l’horloge voisine de tourner.
Bien qu'actuellement, les arbres ne bénéficient plus du classement aux titres des monuments historiques, l'arbre de la Liberté de Rivesaltes fut classé en 1944
Personnage Illustre.
Le village de Rivesaltes fut aussi la ville natale d'un illustre personnage, héros de la Bataille de Marne : Joseph Joffre.
Fils de Gilles Joffre i Vidal tonnelier et de Catherine Plas i Mercader, Joseph Jacques Césaire Joffre fut un élève brillant, benjamin de sa promotion à l'École polytechnique.
Il débutera sa carrière militaire en combattant dans la guerre franco-prussienne avant de servir dans les colonies françaises.
En 1911, il deviendra chef de l'armée française et en modernisera son fonctionnement.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclatera, il contribuera à la victoire des Alliés durant la première bataille de la Marne du 5 au 12 septembre 1914. Cette bataille, qui durera huit jours, marquera l'arrêt de la progression des troupes allemandes. Les Français, conduits par le maréchal Joffre, l'emporteront face à une armée allemande épuisée qui décidera de battre en retraite.
Mais, partisan de la stratégie dite du « grignotage », Joffre fut cependant considéré comme responsable du tragique enlisement des troupes françaises à Verdun, la plus longue et meurtrière bataille de toute l’histoire et de l’échec de l’offensive de la Somme.
Ces revers seront exploités par ses ennemis, nombreux dans les milieux politiques en raison de sa propension à prendre ses décisions de manière autonome. Il sera remplacé à la tête de l'armée française par le général Robert Nivelle en décembre 1916.
Paradoxalement le gouvernement français recréera en sa faveur la dignité de maréchal de France, et en fera le premier maréchal de France de la IIIe République le 25 décembre 1916.
Joseph Joffre fera longtemps l’objet d’un véritable culte pour une grande partie des Français ce lui vaudra le surnom de Père Joffre.
En 1917, il effectuera avec René Viviani une mission aux États-Unis pour préparer l'entrée en guerre de ce pays. Il y recevra un accueil triomphal.
Le 14 février 1918, le maréchal Joffre entrera à l’Académie française.
Le 2 mai 1920, il sera invité à présider à Barcelone les Jeux Floraux de la Langue Catalane, joutes poétiques en langue catalane, un des rendez-vous les plus importants de la littérature catalane du début du 20e siècle.
En 1929 à l’initiative de René Victor Manaut, député des Pyrénées-Orientales, une souscription sera lancée, en métropole et dans les colonies afin de financer la réalisation d'une statue en l'honneur de Joseph Joffre. Le maréchal et sa femme consultés en choisiront l’emplacement à Rivesaltes.
Le maréchal Joseph Joffre décédera à Paris le 3 janvier 1931 et des obsèques nationales lui seront organisées le 7 janvier.
Le monument équestre en bronze sculpté par Auguste Maillard sera inauguré quant à lui le 22 novembre 1931 en présence d'André Maginot, ministre de la Guerre. Elle orne de nos jours la place Maréchal Joffre.
Sa maison natale située au n° 11 de la rue du maréchal Joffre fut classée au titre des Monuments Historiques en 1938 et transformée en Musée Joffre en 1987.
Le Train Rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes.
Moins connu que le Train Jaune, le Train Rouge est lui aussi plus que centenaire. Aujourd'hui le Train Rouge relie Rivesaltes à Axat dans l’Aude en passant par les gares-étapes de Espira-de-l'Agly, Cases-de-Pêne, Estagel, Maury, Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes, Lapradelle.
🔻 📷 ©TPCF
Du camp Joffre au Mémorial du Camp de Rivesaltes.
Nous sommes en 1875. Joseph Joffre natif de Rivesaltes est alors officier du génie. Il proposera à son état-major la construction d'un camp militaire sur le territoire de Rivesaltes afin d'y établir la base du 9° Régiment d'artillerie. Malgré de nombreux avantages, le projet sera finalement abandonné au profit de l'installation du régiment à Castres.
Le terrain restera inutilisé jusqu'en 1935, date à laquelle il entrera dans l'histoire au gré des conflits et tensions du 20e et 21e siècle. En 2015, 80 ans plus tard le Mémorial du Camp de Rivesaltes est devenu un lieu de mémoire rendant hommage aux enfants, femmes et hommes, Républicains espagnols, Juifs, Tsiganes et Harkis qui y ont été internés.