
Saint-Cyprien
18 km
Place Desnoyer Saint-Cyprien Pyrénées-Orientales
📷© Office de Tourisme de Saint-Cyprien
Située à une dizaine de kilomètres de Perpignan, la commune de Saint-Cyprien est dotée comme beaucoup d'autres sur le littoral d'un cœur de village et d'une station balnéaire.
En 118 av. J.-C. apparaissent les premières pierres de Saint-Cyprien sur le site de la « villa Salix », dont elle portera le nom jusqu'au 10e siècle.
Le terme en latin "Salix" désignant le saule, il est presque certain que cette villa prit son nom parce qu'elle était située au milieu de marécages et de saulaies. À cette époque de nombreux échanges commerciaux existaient entre l'antique Illiberis (Elne) et la villa Salix (Saint-Cyprien) et principalement celui de l'osier indispensable pour le transport des marchandises.
En 915, la villa Salix devient pour un temps Sancto Cipriano, puis Villa Sancti Cipriani en 969. Ce n'est qu'à partir du 12e siècle que le lieu deviendra Sant Cebrià.
À partir du début du 10e siècle, Sant Cebrià se développe sous l'influence des Carolingiens qui multiplient la construction des chapelles et églises.
Une paroisse apparaîtra en 904 au nord-ouest du territoire au lieu-dit Vilarasa. De nos jours de cet ancien hameau ne subsiste que l'église romane de Sant Esteve de Vilarasa datée du 12e siècle. Construite en zone marécageuse, elle fut à plusieurs reprises envahie par les eaux et le limon. À nef unique et chevet semi-circulaire, elle fut restaurée à de nombreuses reprises. Son clocheton à une seule arcade est daté de 1867. Elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1992.
Une autre église fut construite au centre de la cellera primitive du village. Disparue elle semble avoir été construite au 11e ou 12e siècle. De style roman certains de ses vestiges ont été conservés lors de la construction de l'église actuelle Saint-Cyprien.
Celle dernière datée du 18e siècle, fut édifiée en briques rouges et galets de rivière. Sur sa face méridionale on peut lire l'inscription "Mestra Toni Peccareu" 1759. La tour de son clocher est coiffée d'un clocher-mur à deux baies campanaires surmonté d’une troisième.
En 1124 il est fait mention du Castel de Sant Cebrià. Château médiéval de style roman. Il était situé en léger surplomb sur une des pentes de la colline.
Aux 11e et 12e siècles, un certain Berenguer de Sant Cebrià apparaît dans les textes comme propriétaire du château qui finira par être vendu à l'église d'Elne en 1187. Actuellement il ne subsiste plus qu'une tour cylindrique du château, Rue Valéry Larbaud.
📷© les-pyrenees-orientales
Au 12e siècle, sous l’influence des premiers Templiers et de leur précepteur Arnaud de Saint Cyprien, les marécages seront assainis et asséchés avec la construction d'un réseau de petits canaux appelés "agouilles" rendant ainsi les terres cultivables. Les agouilles intervenaient en complément du Canal d'Elne aménagé au 10e siècle afin d'irriguer les cultures agricoles de la plaine d’Illibéris (d’Elne à St-Cyprien).
Sur le littoral, seule la station de Canet verra le jour au 19e siècle avec la naissance du tourisme balnéaire et la mode des « bains de mer ». À Sant Cebrià quelques pêcheurs construisirent leurs cabanes en sanills, battues par les vents sur le littoral.
À l'aube du 20e siècle, Saint-Cyprien ne compte que 921 habitants, bien loin des 10 500 habitants de nos jours ...
Les plages de Sant Cebrià jusqu'alors quasiment inoccupées verront se dresser dans la zone marécageuse de « l’Aygual » du 8 février 1939 au 19 décembre 1940, un camp de concentration.
Les autorités Françaises, prises de court, face à l'afflux de 453 000 réfugiés espagnols qui passent la frontière, ont érigé à la hâte un camp à Argelès, mais la capacité d’accueil y est insuffisante.
Avant que ce camp de 184 hectares ne soit équipé de baraquements, les réfugiés n’auront pour abri que des couvertures jetées sur des branchages. Certains exilés devront creuser des trous dans le sable pour se protéger du froid et de la tramontane.
Le 10 mars 1939, le camp de Saint-Cyprien comptait 90000 réfugiés.
Été 1940, les internés firent parvenir au Comité international de la Croix-Rouge une vive protestation contre les conditions inhumaines de leur détention :
Eau mal filtrée pour la boisson et les aliments ; W.C. ouverts ; mouches en quantité telle qu'elles sont insupportables ; souris, rats, puces et poux ; paillasses insuffisantes, partiellement infestées de vermine ; baraquements défectueux ; sous-alimentation ; manque de vêtements et de sous-vêtements ; absence quasi complète de médicaments, de désinfectants et d'articles d'hygiène.
En août 1940 85% des internés furent atteints de dysenterie. À la même époque, une épidémie de typhoïde entraîna l'hospitalisation de 112 malades à l'Hôpital Saint-Louis de Perpignan.
Peu de temps après, 150 internés furent atteints de malaria qu'un manque important de médicaments ne permit pas de soigner convenablement.
Il devenait extrêmement urgent d'évacuer les internés, mais il fallut les graves inondations de l'"aiguat" qui envahirent le camp à partir du 16 octobre pour précipiter le mouvement. Ses occupants pour une partie furent alors transférés dans le camp d'internement de Gurs. (Pyrénées-Atlantiques)
Le camp de Saint-Cyprien fut officiellement fermé pour « raisons sanitaires » le 19 décembre 1940.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les deux petits villages aux lieux-dits « Las Routas » et « l'Aygual » furent détruits.
En 1947, le Ministère de la Reconstruction reloge les pêcheurs en construisant au bord de la mer un premier, puis un second lotissement d’une centaine de maisons au total.
En juin 1963, sous l’impulsion du Général de Gaulle fut lancée la mission « Racine » ou « Mission Interministérielle d’Aménagement Touristique du Littoral du Languedoc-Roussillon ». Du nom de son président le conseiller d’État Pierre Racine, elle fut chargée de conduire de grands travaux d'infrastructure en vue de développer le littoral de la Méditerranée dans les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
C'est ainsi que fut créée la station balnéaire en front de mer, Saint Cyprien plage.
Les premiers travaux débutèrent dès 1959 avec la réalisation de la route entre le village et la plage. Mais c'est avec le creusement à grands coups de pelleteuses du port entre 1967 et 1969 que l'aménagement du littoral de Sant Cebrià prend forme. Le sable retiré pour son creusement sert à combler les marécages de l'Aygual. En 1969, le port est déjà en capacité d'accueillir 700 bateaux. De nos jours Sant Cebrià est le troisième port de plaisance de France et peut accueillir jusqu'à 2200 bateaux.
Dans les années 1970, Saint-Cyprien est en plein essor. Maisons individuelles, immeubles, avenues, front de mer sortent de terre. On compte déjà 3000 habitants.
La plage nord plus connu sous le nom de plage de l'Art, tiens son nom d'une méthode de pêche ancestrale pratiquée tout le long de la côte catalane, la pêche à l'art. Elle consistait à capturer les poissons en les encerclant à l'aide d'un filet, calé par le pêcheur et son bateau à environ 300 mètres du bord. La barque décrivait alors un arc de cercle et retournait sur la plage, en tirant toujours son filet. Ce filet était ensuite ramené au bord à la force des bras. Cette pêche s'est poursuivie jusque dans les années 1960.
Les 6 km de plages de sable sont sûrement l'attrait touristique le plus important de Saint-Cyprien, mais pas que. Les espaces verts ne manquent pas, avec notamment le Jardin des Plantes, ainsi que le parc paysager de la Prade.
Le parc de la Prade
Conçu afin de prévenir les risques d'inondations avec ses bassins de retenue, le parc de la Prade joint l'utile à l'agréable.
Il combine un espace de verdure autour de trois lacs artificiels regroupant de nombreuses espèces d'oiseaux tels que les canards colverts, souchets, sarcelles, les cygnes, les bernaches, les mandarins entre autres nichés au milieu des plantes aquatiques.
Des infrastructures sportives permettent aux amateurs d'exercice de s’adonner à leur discipline préférée tandis que le sentier de 2,5 km se partage entre piétons, cyclistes et rollers.
📷 ©Office de Tourisme de Saint-Cyprien
Le golf de Saint-Cyprien
Un peu plus au nord, le golf de Saint-Cyprien verra le jour en 1976 dessiné par les architectes écossais Ben Wright & Barry Tomlinson. Dans les années 1970 la pratique du golf alors réservée à une clientèle “aristocratique” amorcera un grand virage en s’ouvrant à un public beaucoup plus large avec des golfs publics. Celui de Saint-Cyprien entre mer, étangs et montagne verra le jour au moment où la ville est en plein essor. À l'instar des immeubles, avenues, et marinas, le terrain de golf sera campé sur 200 hectares arrachés aux marécages et moustiques.
Les Collections de Saint-Cyprien
Situées en plein cœur de village, rue Émile Zola, les Collections de Saint-Cyprien proposent un voyage dans le monde de l'art.
François Desnoyer Bord de mer.
📷 ©Office de Tourisme de Saint-Cyprien