
Port-Vendres
Port-Vendres Pyrénées-Orientales Occitanie
En contrebas de la route des Crêtes, la ville de Port-Vendres est nichée entre le cap Gros et le cap Béar. Son territoire s'étage de zéro, soit le niveau de la mer à une altitude maximale de 656 mètres au niveau de la tour Madeloc.
Il fut dit par certains qu'elle aurait été fondée par les Phéniciens durant le 6e siècle av. J.-C.
Par d'autres, que des navigateurs grecs au 7e siècle av. J.-C. auraient élevé un temple dédié à Vénus au bord des flots sur une de ses falaises. La localisation précise ainsi que l'existence de ce temple font toujours débat.
"Portus Veneris"
Le bassin entre l'anse Gerbal et l'anse Christina offrait aux navires qui s’y trouvaient un lieu sécurisant à l'abri de tous vents. Bien naturellement, le site reçut dès lors le nom de "Portus Veneris" (port de Vénus), devenu bien plus tard Port-Vendres.
Pour les navires ayant des difficultés à franchir le Cap Béar, "Portus Veneris" permettait de s’y réfugier. Il fut cependant le lieu de nombreux naufrages, l'entrée dans le port par grand vent s'avérant extrêmement périlleuse. Des fouilles archéologiques sous-marines conduites depuis une trentaine d'années ont permis de mettre au jour de nombreux vestiges représentatifs du commerce maritime et de la navigation à l'époque romaine et notamment l'épave romaine baptisée Port-Vendres 1.
En raison de son isolement, "Portus Veneris" ne put connaître une destinée de port de commerce et fut peu à peu abandonné.
"Port-Vendres"
Le port de Vénus réapparaîtra en 1272 dans les écrits du testament du roi Jaume le Conquérant. Celui-ci ordonna que chaque année une somme de 5000 sous soit consacrée à la construction, l'entretien et la fortification du port de "Port-Vendres de Collioure". On notera le rattachement des deux cités.
En 1345, Pierre IV d’Aragon ordonnera l'installation d’un fanal sur le Puig de Biarra (Pic Béar).
En 1415, la graphie "Port-Vendres" apparaît pour la première fois.
En 1599, "Port-Vendres" faute d'entretien tombe en ruines.
En 1679, Vauban visite Collioure et Port-Vendres. Il élabore un projet de port militaire couplé à un important projet urbanistique : raser Collioure et transférer sa population à Port-Vendres. Mais face à l'opposition qui gronde, il finira par faire marche arrière. L’ingénieur Rousselot ne réalisera que de petites fortifications en 1693. Trois redoutes assureront désormais la défense du port : les redoutes du Fanal, de Béar et de la Presqu’Île.
"Port de la Victoire"
Il faudra attendre 1775, et le maréchal de Mailly, lieutenant général et commandant de la province du Roussillon, qui ordonnera le creusement du port et transformera Port-Vendres en une véritable ville. Un important quartier sera créé avec comme point central un obélisque à la gloire du roi Louis XVI daté de 1780. Une caserne en forme de fer à cheval sera également construite.
Durant la Révolution française, plus exactement par décret du 3 juin 1794, Port-Vendres deviendra momentanément "Port de la Victoire".
Le 23 avril 1823, Port-Vendres est détachée officiellement de Collioure et devient une commune à part entière de 280 habitants.
En 1867, Port-Vendres et surtout son port profitent de l'arrivée du chemin de fer.
Port de voyageurs
À partir de 1880, le port de Port-Vendres n'est plus uniquement un port de pêche, il devient avec les différents aménagements réalisés un port de commerce, un port de guerre et un port de voyageurs.
Les premières liaisons achemineront les voyageurs en un peu moins d'une journée vers Alger. Entre 1900 et 1910, la Compagnie de Navigation Mixte acheminera près de 15000 voyageurs à destination de l'Algérie.
Entre 1880 et 1882, à la place du fanal dressé à la demande de Pierre IV d’Aragon, sera construit le fort Béar à 206 m d'altitude afin de renforcer les fortifications déjà existantes. Quelques années plus tard viendra la construction des batteries de Taillefer, de la Galline et de 500 entre 1885 et 1886.
En 1904, le trafic maritime s'intensifiant, et afin de remplacer le précédent fanal trop excentré de la côte, on lança la construction du phare du cap Béar qui sera mis en service en 1905.
Port de la Kriegsmarine allemande
Novembre 1942, les Allemands convaincus de l'intérêt du port de Vénus décident d'y établir une base navale pour la Kriegsmarine. Ils y installeront de puissantes batteries de marine ainsi que de nombreuses défenses anti-aériennes. Des murs antichars seront construits sur les plages des Elmes et de Paulilles ainsi qu'un champ de mines sous-marines autour du Cap Béar.
En 1943 et 1944, plusieurs navires de la Kriegsmarine seront torpillés aux abords du port par des sous-marins anglais tel que l’Alice Robert ancien cargo français transformé par la marine allemande en escorteur rapide rebaptisé "SG11".
Le 19 août 1944 au matin l'occupation allemande informée du débarquement des Alliés en Provence le 15 août, évacue Port-Vendres. Auparavant, après avoir ordonné l’évacuation de la population elle prendra soin de dynamiter les quais, les installations portuaires et de couler les navires présents dans le port.
À la fin de la guerre, le port sera reconstruit et continuera de prospérer jusqu'en 1962 où l'indépendance de l'Algérie marquera le déclin des relations maritimes avec l'Afrique du Nord. Dès lors Port-Vendres mettra tout en œuvre afin de devenir un port de commerce spécialisé dans les trafics de marchandises diverses et plus particulièrement de fruits et légumes en provenance des pays du bassin méditerranéen.
Le long du quai, l'église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle domine le port. Elle fut construite au 19e siècle, sur l’emplacement d’un édifice plus ancien construit sous le règne de Louis XVI. Ses extérieurs de style roman-byzantin laissent apparaître sa nef unique de style gothique bordée de cinq chapelles latérales. Son clocher-tour est coiffé d'un dôme bleu surmonté d'une réplique de la statue de la Vierge à l'Enfant, l'original étant depuis 2006 installé face à la mer sur les hauts du quartier de la Mirande.
"Place de l'Obélisque"
Fin du 18e siècle, le Maréchal de Mailly outre la construction du port qui dura douze ans, fit exécuter de grands travaux dans la ville. Il fit construire de nouvelles habitations sur un plan uniforme, rectifia des alignements, et construisit des quais et des débarcadères commodes.
Pour marquer d'un symbole la naissance de Port-Vendres, Louis XVI permit à la province de faire ériger à sa gloire le premier monument élevé en France en son honneur, l'obélisque de Port-Vendres.
Celui-ci fut construit sur une belle grande place à laquelle on accédait par un escalier à double rampe. L'obélisque de 33m de hauteur fut édifié en 1780, en marbre de Villefranche-de-Conflent, couronné par un globe terrestre que surmontait une fleur de lys en l'honneur de Louis XVI.
Il reposait sur quatre tortues sortant des angles d'un dé du même marbre. Ce dé était décoré de proues sur deux côtés et de deux tables ayant la forme de draperies aux deux autres.
Sur les quatre faces du socle de base en marbre rouge de Villefranche, étaient apposés quatre bas-reliefs en bronze représentant l'abolition de la servitude abolie, la Marine relevée, l'indépendance de l'Amérique, la liberté du commerce maritime.
En 1793, le monument fut dépouillé de ses bronzes dans sa partie basse. Seules les quatre tortues de bronze placées aux angles du collet furent préservées ainsi que les quatre bas-reliefs du soubassement qui réussirent à être conservés au musée de Perpignan. L'obélisque est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1920.
À l'arrière de cette place "royale" furent construits des bâtiments construits en forme de U de style néoclassique, destinés à un hôtel pour étrangers et des magasins. En 1835, ils furent attribués à l'armée pour devenir la caserne du « Fer à Cheval ». Elle fut en partie détruite par les allemands en 1944. Le bâtiment du Dôme situé dans la partie supérieure de l'ensemble était destiné attribué au logement du commandant militaire de la caserne du Fer à Cheval située juste en dessous.
Aujourd'hui, le Dôme est un espace réservé à l’art où se déroulent de nombreuses manifestations, expositions, concerts...
"Place Castellane"
En arrivant au rond-point Joly, montez les escaliers pour accéder à la place Castellane. Il s’y trouve une statue attribuée à un couple légendaire de jeunes amoureux Port-vendrais.
La place Castellane fut créée en 1845 avec les déblais de creusement du port.
Quelques années plus tard en 1901, Jules Pams alors député des Pyrénées-Orientales, obtient par le biais du Ministère des Beaux-Arts qu'un bronze de 1891 du sculpteur Jean-Ossaye Mombur soit installé sur la place.
La place Castellane et l'Idylle représentant un couple d’amoureux deviendront vite un lieu de rencontres et de fêtes.
Ce couple d'amoureux fera naître une légende, celle des amoureux de Port-Vendres ou plus exactement celle de " Fenouille et Fenouil ".
Il est dit que vivaient à Port-Vendres deux jeunes amoureux. Lui, jeune apprenti pêcheur se prénommé "Fenouil" et elle, jeune vendeuse de poissons "Fenouille".
Un beau matin Fenouil partit à la pêche comme chaque jour, mais le soir il ne revint pas. Fenouille l'attendit en vain et le cœur brisé se jeta à la mer afin de rejoindre Fenouil dans la mort.
La statue sera détruite durant l'Occupation en 1942, les troupes allemandes l'ayant fait fondre afin d'en faire des obus.
Une réplique fut inaugurée en 1999 à l'initiative de la municipalité de Port-Vendres.
Grâce au sculpteur Gérard Vié, Fenouille et Fenouil scrutent à nouveau l'entrée du port du haut de la place Castellane.
"La tour de l'Horloge"
Au rond-point Joly, en direction de la jetée à découvrir la tour de l'Horloge, la redoute Béar, la redoute de Mailly et le feu métallique du môle.
La tour de l'Horloge est l'unique élément restant de la redoute de la Presqu’île. En 1929, afin de permettre un nouvel agrandissement du port, la redoute de la Presqu’île fut détruite. La tour de l’horloge qui avait été préalablement démontée pierre par pierre put ainsi être reconstruite à l’identique sur un terrain militaire en parallèle du quai de la République.
"La redoute Béar"
En poursuivant sur la route de la Jetée.
La redoute Béar fait partie d’un ensemble de trois fortifications avec les redoutes du Fanal et de la Presqu’île, destinées à la défense de Port-Vendres dans les années 1690.Construite en 1694, elle se situe juste avant l'anse Cristina. En août 1944, tout comme la redoute de Mailly elle sera partiellement détruite par l'occupation allemande et sera restaurée en 1988. Elle se compose d'une petite fortification et d'une tour carrée. Elle abrite un musée consacré à l’Algérie française de 1830 à 1962 et la stèle originale de Sidi Ferruch en Algérie.Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1933.
"Feu métallique du môle"
À l'extrémité de l'anse de l'Espeluga, vous arrivez au pied du phare métallique de la jetée appelé "Feu métallique du môle".
Il fut construit en 1885, et dès l'hiver 1887-1888 il dut subir sa première grosse tempête au cours de laquelle ses éléments en pierre du parapet furent détruits et projetés par les vagues à une hauteur de 18 mètres, jusque sur la plateforme de la lanterne.
Malgré les coups de mer successifs, il résista à l'exception de son escalier en colimaçon dégradé qui fut supprimé. Son optique de 1885 fut remplacée en 1906 par un appareil Luchaire. Sa lanterne a une portée de 15 km.
Il est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 2011.
"Fort Béar"
Au sommet du cap à 206m d'altitude, le Fort Béar domine une zone ZNIEFF (Zones Naturelles d'Interet Ecologique, Faunistique et Floristique) de presque 150 ha qui s'étend sur les versants, les vallons, les falaises, depuis l'Anse Christine jusqu'au début de la plage Bernardi.
Fort de surveillance sur le large et la rade de Port-Vendres, il fut construit dans le but de verrouiller les frontières de la France à la même époque que l'ensemble défensif sur les hauteurs de Port-Vendres (Taillefer, La Galline, Les Cinq Cents ).
Construits entre 1880 et 1883 sur les vestiges d'un ancien édifice militaire de l'architecte Vauban il était muni de nombreux canons capables de tirer à dix kilomètres.
Il sera utilisé par l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale avant que à partir de 1949 certains éléments défensifs soient détruits notamment les canons de fort calibre.
De nos jours toujours propriété de l'armée, il abrite un centre national d'entraînement commando et n'est pas ouvert au public.
"Sémaphore de Béar"
En contrebas à 80 m d'altitude fut construit le sémpahore de cap Béar en 1861.
Utilisé par la Marine nationale, il a pour role la surveillance du trafic maritime, la sauvegarde des vies humaines, ou l’assistance à la navigation, que ce soit pour les professionnels de la mer, ou les plaisanciers.
Il renferme de plus une station météo qui mesure les températures et les conditions climatiques à l'extrême sud du pays ce qui n'est pas une mince affaire lors des tempêtes et coups de vent.
En contrebas du sémaphore, depuis 1905 le phare du Cap Béar joue son rôle de vigie de la Côte Vermeille.
"L'anse de Paulilles "
À environ 3 km au sud de Port-Vendres, l'anse de Paulilles est située en contrebas du coll de Les Portes, nichée entre le cap Béar, et le cap d'Ullastrell. Elle laisse découvrir entre ses avancées rocheuses les plages de Bernardi, de Paulilles (del Mitg), et del Forat au sud.
Descendant du Coll de Molló, le rec de Cosprons sillonne au travers des vignes et traverse le petit hameau du même nom avant de rejoindre l'Anse de Paulilles.
Paulilles fait partie du réseau Natura 2000 permettant ainsi la protection de sa faune, sa flore et de ses fonds marins.
Ses panoramas sont multiples composés de pins d'Alep, pins maritimes, mais aussi de chênes verts, chênes-lièges et oliviers sans oublier ses vignobles.
Sur les pans des falaises, vous apercevrez certainement l'armérie du Roussillon, petite plante vivace endémique que l'on ne rencontre que sur le littoral catalan. Installée d'Argelès-sur-Mer à la Catalogne sud elle fleurit d'avril à juin.
Côté fond marin, ses eaux transparentes sont peuplées d'une combinaison de vastes prairies de posidonies et d’algues coralligènes où dorades, loup et saupes se partagent le territoire.
Son autre visage est celui dit du "Site de Paulilles". Durant un peu plus d'un siècle entre 1870 et 1984, 32 hectares du territoire seront occupés par l'industrie de la dynamite qui fabriquera pas moins de 4000 tonnes de dynamite par an au plus fort de sa production.
"Hameau de Cosprons"
Situé sur la commune de Port-Vendres, le petit hameau de Cosprons domine la baie de Paulilles.
Son nom est tiré du latin Collis Profundis signifiant « cols profonds ». C'est au 17e siècle qu'il apparaît sous les formes de Cosperons ou Cosprons.
Une légende serait à l’origine de la création du village. Un jour, un pêcheur remonta de ses filets un Christ en croix. Il le chargea sur son mulet afin de le ramener chez lui. Mais têtu, l’âne se campa en haut d’une colline, refusant d’obéir. Les habitants des alentours y virent un signe et décidèrent d'y installer la chapelle Sainte-Marie de Cosprons et autour leur village.
Dominant le hameau, la chapelle Santa Maria de Cosprons semble avoir été construite à la fin du 12e siècle voir début 13e siècle. De style roman elle fut initialement construite en lauze de schiste et est constituée d'une nef et d'une abside semi-circulaire. L'édifice n'est pas classé au titre des Monuments Historiques, contrairement à son portail renforcé de fer forgé daté de 1784.
Ce dernier est classé au titre d'objets depuis 1959.
Autre élément classé en 1976 au titre d'objet, une clochette en bronze du 14e siècle ornée de feuilles de chêne et de houx.
À découvrir le « Christ marin », sculpture en bois peint du Christ en croix qui a pour particularité d'avoir une couronne de corde à la place de la traditionnelle couronne d'épines. Datée dans un premier temps de la première moitié du 17e siècle, sa création remonterait au 14e siècle. Il serait à l'origine de la construction de la chapelle et du village de Cosprons.
Il est classé au titre d'objet des Monuments Historiques depuis 1913.
La chapelle est de plus dotée de quelques ex-votos tout comme à l'ermitage Notre-Dame-de-Consolation à Collioure, ou bien encore dans la chapelle Notre-Dame de la Rectorie de Banyuls-sur-Mer.
Tout à côté de la chapelle dans son petit cimetière, une plaque commémorative à l'initiative du Conseil municipal des enfants de Port-Vendres a été érigée en 2012. Elle est destinée à la mémoire de 7 des ouvriers militaires annamites mobilisés pour l’effort de guerre décédés lors d'explosions survenues à la dynamiterie de Paulilles entre 1916 et 1918.
À quelques centaines de mètres au sud du hameau au lieu-dit la Guinelle, à découvrir la dernière vinaigrerie artisanale de France en plein air "La Guinelle".