
Argelès-sur-Mer
Argelès-sur-Mer Pyrénées-Orientales Occitanie
Territoire Argelès-sur-Mer - Tour de la Massane. 📷 © Instagram @younislecomte 🔺
D'un côté la Méditerranée à perte de vue... et de l'autre les Albères...
Sur un vaste territoire de 5867 hectares, la commune Argelès-sur-Mer (Argelers) s'étale en front de mer sur près de 10 kilomètres depuis la Réserve Naturelle du Mas Larrieu jusqu'à la plage de l'Ouille.
Dans les terres, elle est dominée par le massif des Albères, et notamment par les Puig dels Quatres Termes (1157 m), Puig de la Carbassera (1001 m), et Puig de Sallfort (981 m) qui marquent la frontière entre la Catalogne Nord et la Catalogne Sud.
Puig de Sallfort. Argelès-sur-Mer ~ Argelers. 📷 © Instagram @lluisroura73 🔺
La Tour de la Massane du haut de ses 793 mètres d'altitude, surplombe la vaste Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane, et 700 ans après sa construction, veille toujours sur le territoire de la commune.
Le paysage d'Argelès-sur-Mer s'étageant de 10 m d'altitude au cœur du village à 1157m, sa végétation est très diversifiée allant des panicauts maritimes, lis de mer de ses plages, à des zones boisées de chênes verts, chênes-lièges, d'oliviers.
Les terres Argelès-sur-Mer sont traversées par la Massane qui prend source au col de la Maçana à 968 m d'altitude et se jette ensuite dans le port, la Ribereta allant affluer au Grau de la Riberata, et le Tech, qui traverse la vallée du Vallespir pour venir se jeter au niveau de la Réserve Naturelle Nationale du Mas Larrieu.
Avant de devenir une des plus importantes stations touristiques du sud de France, Argelès-sur-Mer s’est construite au fil des siècles. La première mention d’Argelès-sur-Mer apparaît en 879, et surtout en 891 dans un écrit indiquant que le village appartient à l'abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines.
Mais son histoire remonte à bien plus tôt. Parsemés sur le territoire d'Argelès-sur-Mer, on trouve les traces de civilisation dès les temps préhistoriques, avec la présence de deux dolmens entre le château de Valmy et à la tour de la Massane : le Collet de Cotlioure, et la Cova de l'Alarb.
Plus récemment, en 2011, fut découvert à plus de 900 m d’altitude dans la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane, un lieu sacré, organisé autour d’une source. Des monnaies, éléments en bronze (clou, anse de vase), quelques vases miniatures en terre cuite et des fragments de vaisselle sur le site archéologique de la Fajouse y ont été retrouvés. Les fouilles ont permis de découvrir qu'il s'agissait d'un "sanctuaire des eaux" de type gréco-romain très actif aux environs du 6e siècle av. J.-C. - 6e siècle. Apr. J.-C.
Puig dels Quatres Termes (1157 m).
📷 Instagram @rondomar 🔺
Le territoire d'Argelès-sur-Mer a connu au fil des siècles de nombreuses métamorphoses. Il a successivement appartenu aux comtes rois de Barcelone, aux rois de Majorque, aux rois d'Espagne et, enfin, aux rois de France.
Comme cité précédemment, la première mention d’Argelès-sur-Mer apparaît en 879, et surtout en 891 dans un écrit indiquant qu’"Argilariis" appartient à l'abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines.
Plusieurs paroisses verront le jour sur ce territoire dont deux donneront naissance à des celleres, Tatzó d’Avall et Saint-Pierre de la Cellera.
Saint-Pierre de la Cellera (Sant Pere dels Forquets) dont on connaît peu de choses. Situé non loin du dolmen de "Sant Pere dels Forquets" au sud du Château de Valmy, ce village médiéval existait déjà sous le royaume carolingien en 981 sous le nom de « Sanctus Petrus juxta villam argelariam ». Il fut donné à l’abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines par le roi carolingien Lothaire. "Argilariis" devenue ville royale finira par avaler la cellera de Sant Pere dels Forquets.
Aujourd'hui, il ne reste que des vestiges du village et de l'église, notamment une cuve baptismale en grès et des blocs en marbre blanc de Céret.
Non loin de là, sur le massif de la Massane, à environ 200 m d'altitude une nouvelle église fut construite pour cette paroisse : la chapelle Saint-Laurent-du-Mont (Sant Llorenç del Munt).
Située aux confins du territoire d'Argelès-sur-Mer dans un vallon entre la Tour de Massane et la Tour Madeloc, les vestiges de l'abbaye Sainte-Marie de Valbonne (13e siècle) et de l'église Sainte-Marie de Torreneules (9e siècle).
Le château de Pujols, plus communément appelé "Tour de Pujol" ou "Tour Carrée", est un vestige du château médiéval dont elle constituait le donjon. Il est situé à 1,5 km au nord-est du centre-ville d'Argelès-sur-Mer et à 3 km au sud-est de Taxo d'Avall.
Le territoire d'Argelès-sur-Mer comptait au Moyen-âge de nombreux hameaux avec chacun leur église voir ermitage. La chapelle Saint-Ferréol de la Pava (Sant Ferriol de la Pava) située au sud-ouest du territoire d'Argelès-sur-Mer au hameau La Pava, mais aussi à deux kilomètres au sud du village, la chapelle Saint-Jérôme et l'ermitage Notre-Dame-de-Vie.
De la cité royale à une des plus importantes stations touristiques du sud de France.
Malgré un blason très parlant, « Qui s’hi acosta, té resposta. », « Qui s’y frotte, s’y pique » , le territoire d'Argelès-sur-Mer vivra au cours des siècles de nombreuses périodes tourmentées.
De par sa situation géographique au pied du massif des Albères, elle sera le sujet de nombreux conflits.
À la mort de Jacques 1er le Conquérant, en 1276, suivant ses dispositions, son fils cadet Jacques II de Majorque reçut un ensemble de territoires, composant le « Royaume de Majorque ». Il comprenait les Îles Baléares (le royaume de Majorque proprement dit), les comtés de Roussillon et de Cerdagne et la seigneurie de Montpellier.
Jacques II de Majorque devra faire face aux appétits de ses puissants voisins, le roi de France Philippe le Hardi au nord et son frère Pierre III d'Aragon, fâché de n'avoir pu récupérer tout l'héritage de Jacques Ier le Conquérant, au sud.
Argelès fit alors partie du royaume de Majorque, et devint un enjeu pour les royautés de France et d'Aragon.
Dans ce contexte, au centre de ses affrontements, Argelès-sur-Mer verra se dresser sur son territoire la Tour de la Massane.
Le 29 juin 1298, un traité de paix sera signé entre Jacques II de Majorque et Jacques II d'Aragon, fils de Pierre III d'Aragon.
Traité éphémère, puisque le 21 mai 1344 Pierre IV d'Aragon dit le Cérémonieux après avoir conquis les Baléares, assiégera par les terres et la mer Argelès, qui finira par capituler le 6 juin.
Cette même année le Royaume de Majorque disparut et la ville revint à la couronne d'Aragon.
Argelès une des places les plus importantes du Roussillon subira de nombreuses autres attaques telles que celle de Louis XI en 1474, mais aussi en 1641, par les Français qui la perdirent peu après et l'enlevèrent de nouveau en 1646.
En 1659, à la signature du Traité des Pyrénées, le Roussillon et donc Argelès rentrent dans le Royaume de France.
En 1793 le 23 mai durant la guerre du Roussillon, l'armée espagnole aux ordres du général Ricardos s'empara d'Argelès.
Les châteaux de Taxo d’Avall et de Pujol ne seront pas les uniques fortifications du territoire d'Argelès.
Située à 10 m d'altitude, Argelès-sur-Mer a conservé une partie de son tracé médiéval, avec les vestiges de ses remparts.
Mentionnée pour la première fois en 879 sous le terme de Villa de Argilariis, la ville fortifiée s'étendait au nord de l'église paroissiale de Sainte-Marie del Prat (Santa Maria del Prat).
Elle était articulée à l'époque autour d'une rue centrale (rue de la République), sur laquelle se greffaient cinq rues latérales.
Il semble qu'il est existé à l'extrémité nord-ouest d'Argelès aujourd’hui à l'angle de la rue Blanqui et de la route nationale, un castell fortifié "Castell Amoros" et son jardin, défendu par une tour d'angle bordée de fossés de part et d'autre. Il pourrait avoir été détruit en partie lors de l'attaque de 1344 d'Argelès par Pierre IV d'Aragon dit le Cérémonieux.
En 1293, le roi Jacques II de Majorque commanda la réalisation d'un Capbreu (cadastre du Moyen-âge) sur le territoire d’Argelès et il y est mentionné une tour située à la porte Sainte-Marie, une tour de Amato, et une autre située au-dessus du portail d'Elne.
Les maisons d'aujourd'hui cachent une grande partie de l'enceinte médiévale, mais l'on peut y découvrir au hasard des rues quelques éléments restant comme au 26 rue des Remparts, au 1 route Nationale, à l'angle des rues du 14 Juillet et Jean Jaurès.
À l'intérieur des remparts se dresse l'église paroissiale Notre-Dame-dels-Prats qui marque la limite sud-ouest de la cellera originale d'Argelès-sur-Mer.
À l'origine une chapelle dédiée à Sainte-Marie située au lieu-dit El Prat fut mentionnée pour la première fois en 920.
Au 14e siècle, la ville s'agrandissant, la chapelle fut détruite. Un nouvel édifice fut reconstruit dans un style gothique, composé d'une large nef unique bordée de dix chapelles latérales et d'un imposant clocher-tour s'inscrivant dans la tradition des hautes tours romanes catalanes contre la façade sud.
Ce très haut et puissant clocher de 34 mètres est visible à des kilomètres à la ronde. Construits sur trois niveaux, en plus de sa fonction de clocher traditionnel, il joua les rôles de donjon, tour de guet, et prison (1553).
Au 17e siècle, à la suite d'un effondrement du chœur, l'orientation de l'église sera inversée.
De nombreux travaux se succéderont au cours des 18e et 19e siècles, et notamment l'édification d'un nouveau sanctuaire à l'ouest et la construction d'une nouvelle façade à l'est, ainsi que le voûtement du chevet qui porte la date 1780.
À découvrir entre autres à l'intérieur le retable du maître-autel daté du 1er quart du 18e siècle, classé au titre objet depuis 1913, ainsi qu'une cuve baptismale, en marbre du 13e siècle, qui porte l'inscription : " Magister Guillelmus Marchi de Volononme fecit " (C’est Maître Guillaume March du Boulou qui m'a faite)
Le clocher-tour est classé au titre des Monuments Historiques depuis le 6 septembre 1927 et l'église Notre-Dame-dels-Prats (Nostra Senyora del Prat) en totalité depuis le 7 janvier 2004.
Concernant la zone du littoral, celle-ci était autrefois occupée comme un espace de travail. Théâtre de la pêche côtière, les cabanes de pêcheurs en dur ou parfois en roseaux constituaient les premières habitations temporaires du futur front de mer.
Au milieu du 19e siècle, la zone inoccupée du littoral fit l'objet d'une plantation en 1860 par l’administration des Eaux et Forêts. Afin d'assainir les zones marécageuses du littoral, 12 hectares de pins furent plantés face au front de mer pour devenir le "Bois de Pins".
En 1866, la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne mettra en service la station d'Argelès sur la ligne de Perpignan jusqu'à la frontière.
En 1939, le front de mer situé au nord de la plage sera le lieu où à la fin de la guerre d'Espagne, le gouvernement français choisira d'y enfermer des dizaines de milliers de républicains qui franchirent la frontière. Il sera transformé en septembre 1942 en chantier de jeunesse par le régime de Vichy.
À partir de 1950, le nombre de campings ne cessera d'augmenter. De 3 en 1955, il en a été dénombré jusqu'à 65 en 1972.
Dès 1950, le conseil général des Pyrénées-Orientales avait aménagé en bord de mer un « camp pilote », qui deviendra en 1963 le camping municipal devenu aujourd’hui « Camping municipal Roussillonnais ». Le premier camping privé naît lui en 1954, le camping Bouix, du nom de la famille de son propriétaire. En 1962, Argelès-sur-Mer décrochera le label "station de tourisme et balnéaire".
Le port de plaisance d’Argelès quant à lui ne sera inauguré qu'en 1989. Situé à l’embouchure du cours d’eau de la Massane sur des terrains autrefois marécageux, il permet d’accueillir quelque 790 bateaux de plaisance.
À l'origine, le village d'Argelès-sur-Mer était bien distinct de sa station balnéaire située à environ deux à trois kilomètres. Les décennies passant, les développements respectifs ne laissèrent plus apparaître qu'une seule entité, que l'on continue de nommer cependant par "Argelès village", "Argelès plage" ou bien "Port -Argelès".
Pour plus d'informations sur l'histoire d'Argelès-sur-Mer à visiter :
Musée Casa de l'Albera, et Le Mémorial du camp d'Argelès-sur-Mer.