Nichée au fond d’une vallée aux pentes couvertes de châtaigniers,  Sant Llorenç de Cerdans en catalan est située à quelques kilomètres de la frontière avec la Catalogne Sud.
À 700 mètres d'altitude, elle est traversée du sud-est au nord-ouest par la rivière de Saint-Laurent,  affluent de la rive droite du Tech, également appelée la Quera. 
Elle présente des charmes insoupçonnés et reste riche d'un savoir-faire unique, de son histoire industrielle tant sandalière que minière.

Aux 17e et 18e siècles, la situation frontalière du village en fait une zone d'échanges.  Grâce à la contrebande dans un premier temps, l'industrie de l'espadrille et du tissu se développe.
Connue pour être une des patries du tissage des toiles catalanes et des fameuses vigatanes (prononcez « bigatanes »), Saint-Laurent-de-Cerdans garde les traces de cette prospérité au travers de nombreux bâtiments industriels désaffectés et d’anciennes maisons bourgeoises. 
Jusqu’à 10 000 espadrilles sortiront quotidiennement des ateliers, sous les mains de plus de mille ouvriers ! 

La commune de Saint-Laurent-de-Cerdans au début du 20e siècle compta jusqu'à plus de 3000 personnes.
Même un embranchement de la ligne de train d'Arles-sur-Tech à Prats-de-Mollo montait depuis 1913 jusqu'à Saint-Laurent-de-Cerdans. Le trafic voyageur et marchandise cessera le 1er juin 1937, et l'Aiguat de 1940, détruira la majeure partie de la ligne.
Les guerres mondiales, les exodes, l’industrialisation, auront raison de cette croissance et les années 50, marqueront le déclin de la production sandalière.

Deux fabriques de nos jours tentent de résister face à la concurrence en défendant la tradition artisanale. L'usine "Création Catalane", avec ses collections d'espadrilles et de vigatanes confortables et colorées et l'usine "Les Toiles du Soleil" dont les toiles bayadères tissées sur d'anciens métiers sillonnent les boutiques du monde entier.

Un autre évènement contribuera au déclin de l'activité sandalière sur Saint-Laurent-de-Cerdans, l'Aiguat de 1940. En effet la commune détient le triste record de France de pluie en 24 heures. Guillaume Julia, un instituteur de Saint-Laurent-de-Cerdans, relèvera 1 930 mm sur les cinq jours du 16 au 20 octobre 1940, dont 1 000 mm pour le seul 17 octobre. Il deviendra une des principales sources pour la connaissance de ce phénomène.

Saint-Laurent-de-Cerdans sera aussi un point de passage de 70 000 personnes lors de l'exode des réfugiés espagnols en 1939. Trois camps de fortune seront établis dans cette commune pour les abriter.

Au travers de la Maison du patrimoine et de la mémoire André Abet, située dans les anciens locaux de l'usine d'espadrilles l'Union Sandalière, cette période de l'histoire est retracée, avec un second étage entièrement consacré à l'exode des républicains espagnols en 1939. Le premier étage quant à lui symbolise la vie économique et industrielle de la commune au travers de la reconstitution d'une  usine d'espadrilles.

Ville de festivités, elle organise chaque année la Fête de l’Espadrille en juillet ainsi que la  Fête de l'Ours qui aura lieu en 2020,  le 16 février.

Située au cœur de la commune, l'église paroissiale Saint-Laurent  fut construite au 19e siècle, afin de remplacer l'ancienne église du 11e siècle,  tombée en ruines. De construction sobre, elle abrite différents retables dont le retable du Christ du 17e siècle, ainsi que le retable du Rosaire.

Un peu plus au nord, un autre édifice religieux, la chapelle Notre-Dame-de-la-Sort.
Elle fut construite à la fin du 17e siècle et restaurée au 18e. Elle servit d'infirmerie aux réfugiés espagnols en 1939.

En visitant Saint-Laurent vous ne pourrez manquer la Pujada. Cet escalier de 153 marches, vous mettra de monter  jusqu’à l’église et la mairie.

Saint-Laurent-de-Cerdans possède plusieurs sculptures :
- la réalisation du sculpteur Bruno Bieth inauguré 1985 lors de la proclamation de Saint-Laurent-de-Cerdans "Ciutat Pubilla de la Sardana".
- La Vigatana, représentant une immense espadrille catalane, réalisée par le ferronnier Johann Fardau,  inaugurée en 2009 à l’occasion de la première fête de l’espadrille.
- La Sardane du sculpteur Claude Gomez  inauguré en 2010 pour les 25 ans de la distinction de Saint Laurent en tant que "Ciutat Pubilla de la Sardana".
- Le Mémorial de la Retirada 1939, une oeuvre de Marc Duran. 

Au nord de Saint-Laurent-de-Cerdans, on peut découvrir le Mas de Crémadells  classé au titre des Monuments Historiques depuis 1988. À l'origine il est  mentionné dès 1168. Ses façades nord, ouest et sud sont bordées de tuiles plates et de tuiles canal. Toutes ces tuiles portent un décor peint, vraisemblablement au lait de chaux et datant de la fin du 17e siècle. Il possède une chapelle ruinée datée de 1664.  C'est une propriété privée, restaurée, en vente au prix de 1 535 000 €.