Fêtes de l'Ours en Vallespir



Sur les contreforts sud du Canigó, la fête de l'Ours "Festa de l’Ós" est inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel de France depuis 2014.
Elle fait de plus l'objet d'une candidature à l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Elle se déroule traditionnellement sur les communes d'Arles-sur-Tech, de Prats-de-Mollo-la-Preste et de Saint-Laurent-de-Cerdans.



Pourquoi les fêtes de l'ours en février ?
Si le 2 février est le jour de la Chandeleur, il est aussi à mi-chemin entre le solstice d'hiver et l'équinoxe du printemps. C’est le début des carnavals. Selon les croyances populaires dans les Pyrénées, c’est ce jour que l’ours choisit pour sortir de son hibernation.



Les gestes et les pratiques mis en œuvre dans le cadre de ces fêtes sont essentiellement perpétués par la tradition orale. Leurs origines comme leur déroulement antérieur sont incertains. Les légendes pyrénéennes du Moyen âge ont octroyé à l'ours une puissance hors du commun et l'ont transformé en animal mythique dont la plus célèbre est celle de Jean de l'Ours.



Jean de l'Ours

Dans la mythologie pyrénéenne, on raconte qu'une jolie jeune fille fut capturée dans la forêt d'Iraty par un ours qui l'enferma dans une grotte avant de la prendre pour femme. De cette union serait née la créature légendaire Jean de l'Ours, moitié homme et ours, poilu comme un ours, mais doté de parole.
La légende dit que le pic du Midi d'Ossau représenterait la tête de Jean de l'Ours.



Dès le 9e siècle, des ecclésiastiques prononcèrent des condamnations à leur encontre, considérant « les turpia joca cum ursis  ~ des jeux triviaux avec l’ours "  comme des fêtes païennes. 
En Catalogne, le texte le plus ancien évoquant la présence d’ours lors d’un carnaval date de 1444 et mentionne la présence, à Barcelone, d’hommes vêtus de peaux d’agneau noires. 



Si l’histoire de ces fêtes est liée à la mémoire collective locale, elles sont, dès le 19e siècle, le sujet d’études ethnographiques qui permettent de les documenter. La description la plus ancienne actuellement connue date de 1835. L’historien Dominique Marie Joseph Henry évoque dans son Histoire du Roussillon :
"une mascarade de tradition que chaque année voit se renouveler. Un homme de la lie du peuple se déguise en ours ; ses camarades vêtus de haillons les plus sales, et barbouillés de la façon la plus ignoble, l’accompagnent et le font danser au bruit assourdissant de sifflets, entonnoirs, crécelles et de tambours […] .

Les sources anciennes mentionnent d’autres villes du département qui mettaient l’ours à l’honneur, mais qui ont aujourd’hui disparu : Py, Villefranche-de-Conflent, Corsavy, Lamanère, Céret et Amélie-les-Bains. 



Cette curieuse légende médiévale raconte qu’une bergère fut enlevée par un ours :
Un ours qui cherchait une compagne enleva une jeune et jolie bergère, après avoir massacré ses brebis. Il la gardait prisonnière dans sa grotte, pour lui voler son âme et sa virginité. Chasseurs, paysans et bûcherons se lancèrent à sa poursuite. Il fallut des jours et des nuits pour trouver trace de l'ours. Un beau jour, ils découvrirent sa tanière. La jeune bergère était là, pétrifiée par la peur. L’ours revenant de sa chasse, un grand affrontement commença. Ils réussirent à prendre le dessus, l'enchaînèrent et repartirent avec l'ours et la jolie bergère. Arrivés au village, le maire décida d’une grande fête. Ils rasèrent l'ours à l'aide d'une hache, lui rendant ainsi, une apparence plus humaine. Au fil du temps, ils réussirent à l'apprivoiser et le chargèrent des plus grandes tâches du village.
Les trois fêtes de l’Ours suivent un déroulement plus ou moins similaire.

Jouées comme des pièces vivantes impliquant le public, elles mettent en scène des ours fardés de noir, qui parcourent les rues en courant, s’attaquant aux habitants et particulièrement aux jeunes filles, poursuivis par des "Chasseurs" auxquels ils ne cessent d’échapper. 
Si les personnages principaux diffèrent, tout se termine sur la place principale, par un rasage symbolique qui dépouille l’Ours de son animalité pour en révéler son apparence humaine.