Située sur la commune de Trouillas, le lieu-dit "Mas Déu", à 10 km au sud de Perpignan est connu pour le domaine viticole " Château Du Mas Déu" qui s’étend sur 20 ha. C'est aussi un lieu chargé d'histoire où au 11e siècle Arnaud de Villeneuve, médecin particulier des rois de Majorque et d’Aragon, aurait réalisé le premier mutage (ajout d’alcool au jus de raisin en cours de fermentation) dans les caves du château qui persiste de nos jours sous l’appellation Vin Doux Naturel. 

C'est aussi un lieu emblématique de l’histoire du Roussillon où en 1136, fut érigée la commanderie templière du Mas Déu (Maison de Dieu). 

En 1132, le Templier Hugues Rigaud reçoit du Seigneur Guillaume de Villemolaque et du Seigneur Bernard de Banyuls Dels Aspres des terres avec dépendances. Ce fut la principale commanderie templière établie dans le diocèse d'Elne et le diocèse de Narbonne, ainsi que la maison-mère du Comté de Roussillon dès 1138. Elle avait en sa possession onze dépendances templières de taille inférieure telles que celle d’Argelès-sur-Mer, Bages, Palau-del-Vidre ainsi qu'en Fenouillèdes ....

Le rôle de cette commanderie était plus d'ordre matériel que militaire, contrairement à celles de la Catalogne lors de la Reconquista. En effet, il s'agissait plus d'un monastère qui cultivait la terre, les vignes et élevait du bétail pour subvenir aux besoins de l'ordre du Temple en Terre sainte.
Elle était le centre de la vie économique rurale, mais aussi centre de la vie religieuse pour les frères et leurs familiers, avec son église dédiée à Sainte-Marie et son cimetière.

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En 1307, Philippe le Bel ordonne l'arrestation des Templiers. À ce moment, la commanderie du Mas Déu est composée de vingt-six Templiers (dont quatre chevaliers), quatre chapelains et dix-huit frères-sergents. Étant alors hors juridiction française, les Templiers du Mas Déu eurent ainsi le temps d'organiser leur révolte, et se réfugièrent au Château de Miravet, possession templière en Aragon. Ils s'enfermèrent dans la forteresse en se mettant sous la protection de Ramon Saguàrdia, commandeur du Mas Déu. Ils résistèrent aux troupes royales jusqu'en décembre 1308, avant d'être arrêtés.
Le pape Clément V, déclarera l'Ordre éteint le 3 avril 1312.

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Jugé et finalement acquitté au cours d'un procès qui eut lieu entre le 14 et 26 janvier 1310 à Trouillas, Ramon Saguàrdia se retira au Mas Déu. En décembre 1315, il sera envoyé par la reine-mère de Majorque à la rencontre de son petit-fils, Jacques II de Majorque, qui rentrait de Sicile afin de ramener ce dernier à Perpignan.

Suite au procès et à l'extinction de l’ordre des Templiers en 1312, tous les biens des Templiers immobiliers, fonciers, reviendront à l’ordre des Hospitaliers (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem). ​

À l'origine de forme quadrangulaire, la commanderie du Mas Déu était entourée de remparts d'une hauteur de cinq mètres à certains endroits et renforcée par quatre tours carrées à chaque angle. A l'intérieur des murs, se trouvait l'église Sainte-Marie du 12e siècle et son cimetière, une cuisine, un cellier, un four à pain, un moulin à huile, des écuries, un puit ... protégé par un pont-levis.

Le 19 mai 1793, la commanderie du Mas Déu sera le lieu de la "Bataille de Mas Déu", qui vit la victoire des troupes espagnoles du général Antonio Ricardos sur l'armée française du général Dagobert durant la Guerre du Roussillon.

Le Mas Déu devint au 19e siècle le centre d'un important domaine viticole. Il fut acquis le 30 avril 1854, par Justin Durand (1798-1889) négociant et banquier à Perpignan, député et Président du Conseil général des Pyrénées-Orientales. Dans les années 1880, Justin Durand l'aménagea en « château » néogothique.

En 1944, les Allemands décident d'occuper les bâtiments de la Commanderie, et d'en faire un lieu de stockage de munitions. Lors d'une explosion, la quasi-totalité de la bâtisse est détruite et laisse la commanderie du Mas Déu à l'état de ruines. 

La commanderie du Mas Déu est sur une propriété privée et ne peut se visiter. Un petit chemin longeant la propriété permet cependant de l’apercevoir. 

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