Mémorial du Camp de Rivesaltes

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Du camp Joffre au Mémorial du Camp de Rivesaltes.

Nous sommes en 1875. Joseph Joffre natif de Rivesaltes est alors officier du génie. Il proposera à son état-major la construction d'un camp militaire sur le territoire de Rivesaltes afin d'y établir la base du 9° Régiment d'artillerie. Malgré de nombreux avantages, le projet sera finalement abandonné au profit de l'installation du régiment à Castres. 

Le terrain restera inutilisé jusqu'en 1935, date à laquelle il entrera dans l'histoire au gré des conflits et tensions du 20e et 21e siècle. 



🔺Réfugiés espagnols au passage de la frontière du Perthus lors de la Retirada en février 1939. 📷 © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration


À l'origine destiné à être un camp d'instruction militaire, le camp Joffre se transformera en camp d'internement.
En 1938, cela fait déjà deux ans que Franco sème la terreur en Espagne.
La même année en France sous le gouvernement Daladier  sera voté le décret de loi sur les étrangers instituant l’internement administratif pour les « indésirables étrangers ». Elle permettra l’arrestation et l’internement de personnes non pour des crimes ou des délits qu’ils auraient commis, mais pour le danger potentiel qu’ils sont censés représenter pour l’État.



🔺Le camp de Rivesaltes en 1939.


Les tensions se multiplient, la Seconde Guerre mondiale menace.
Début février 1939, ce sont plus 450 000 réfugiés espagnols qui franchiront  la frontière. Fuyant à la hâte la répression franquiste, bon nombre d'entre eux se retrouveront sous bonne garde parqués sur les plages à Argelès,  Saint-Cyprien, au Barcarès, mais aussi pour certains au camp Joffre. 
La Seconde Guerre mondiale éclate. En 1940, suite à la défaite de l'armée française, le gouvernement de Vichy s'installe, mais il n’a pas les moyens de mettre en place sa politique d'internement. Afin de pallier au manque de main-d'œuvre, des Groupements de travailleurs étrangers principalement espagnols seront constitués afin de permettre l’aménagement du camp de Rivesaltes, destiné à accueillir des familles. 



🔺Camp de Rivesaltes, 1941-42 : enfants faisant la queue pour le goûter - 📷 ©Fonds Auguste Bohny


Officiellement ouvert 14 janvier 1941, ce "Centre d'hébergement" sera affecté au regroupement familial d'Espagnols, de Juifs ainsi qu'aux Tsiganes, indigents et opposants politiques, "étrangers ennemis, indésirables ou suspects pour la sécurité nationale et l'ordre public".  
Durant cette période, un petit groupe de femmes sous la conduite d'Élisabeth Eidenbenz, s'évertuera à faire sortir du camp de Rivesaltes des femmes enceintes pour les faire accoucher à la Maternité suisse d'Elne.



🔺Groupe d'enfants tsiganes à Rivesaltes, 1939-1942. Source photo : Arch. fam. Elizabeth Eidenbenz   📷 © D.R.


À l’été 1942, l'état français acceptera de cogérer la déportation des Juifs de France voulue par l’occupant nazi.
Des opérations de rafle des Juifs étrangers de la zone Sud commencèrent avant leur regroupement au Centre national de rassemblement des Israélites de Rivesaltes devenus le "Drancy de la zone libre" au nom de la Collaboration.
En novembre 1942, les troupes allemandes envahiront la zone libre et s’installeront au camp Joffre. Le camp servira à l’instruction des recrues de la Wehrmacht jusqu’au 19 août 1944.



🔺Rivesaltes Intérieur d’une baraque 1941-1942. 📷 © Mémorial Mémorial du Camp de Rivesaltes.


Durant les années qui suivront le camp Joffre sera tour à tour un camp d'internement pour les "collaborateurs", les trafiquants, puis un camp de prisonniers de guerre allemands, italiens, mais aussi un camp de réfugiés venus d' URSS.
À partir de 1948, le camp de Rivesaltes retrouvera sa vocation première, celle d'un camp d'entraînement militaire.



🔺Enfants juifs, espagnols et tsiganes dans le camp de Rivesaltes en 1941-1942. 📷 ©Fonds Auguste Bohny


Mais son histoire croisera à nouveau la route d'un nouveau conflit, celui de la guerre d’Algérie. À la fois centre d'entraînement pour les nouvelles recrues mobilisées pour la guerre d’Algérie, il sera aussi un centre pénitentiaire où seront emprisonnés les prisonniers du Front de Libération Nationale (FLN).
En octobre 1962, il deviendra un "camp de transit et de reclassement"  pour environ 8 000 Harkis principalement issus du 1er régiment de tirailleurs algériens qui y seront internés avec leurs familles dans l'attente d'une solution d'hébergement. Dans le vent, le froid, sous des tentes militaires, ses familles exilées, considérées comme « irrécupérables » — termes administratifs employés à l'époque — seront envoyées à la fin de l'année 1964 dans d'autres camps dans le Gard et le Lot-et-Garonne. 



🔺Une enfant harkie devant une tente militaire dans le camp en 1962. 📷 ©Fonds Bailhache


Après le départ des Harkis, le camp accueillera entre 1964 et 1966 des militaires guinéens et leur famille ainsi que quelques militaires d'Indochine française.

À nouveau rétabli dans sa vocation militaire, il sera le terrain d'entraînement du 24e régiment d'infanterie de marine avant de devenir de 1986 à 2007 l’un des principaux centres de rétention administrative en France.



🔺Le « Drancy de la zone libre »


Depuis le 18 juillet 2000, l'îlot F du camp de Rivesaltes, avec l'ensemble de ses baraquements, fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques.
1994 : le 16 janvier, une stèle est érigée à la mémoire des Juifs déportés du camp de Rivesaltes vers Auschwitz,
En 1994 une stèle sera érigée à la mémoire des Juifs déportés du camp de Rivesaltes vers Auschwitz.
En 1995 : une stèle à la mémoire des Harkis.
En 1999 : une stèle est érigée à la mémoire des Républicains espagnols.
En 2009 : une stèle est érigée à la mémoire des Tsiganes.



Depuis 2015, le Mémorial du Camp de Rivesaltes rend hommage aux enfants, femmes et hommes, Républicains espagnols, Juifs, Tsiganes et Harkis qui ont été internés à Rivesaltes.

Ce lieu de mémoire vivante reconstitue l’histoire du camp et des populations qui y ont été internées au travers d'un parcours à l’intérieur du mémorial, dans la salle d'exposition permanente, mais aussi  dans le camp, au milieu des vestiges laissés en l’état et des baraquements.



Horaires:

Du 01/04 au 31/10 de 10h à 18h tous les jours.
Du 01/11 au 31/03 de 10h à 18h du mardi au dimanche.
Fermeture les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.

Attention : Compte tenu du temps nécessaire à la visite complète des expositions présentées au Mémorial, l'accès à l'exposition ne peut se faire après 16h45.