Le 7 novembre 1659 est signé le traité des Pyrénées, qui prévoit le partage de la principauté de Catalogne entre les couronnes d'Espagne et de France. La couronne de France annexe le comté de Roussillon, les pays de Vallespir, de Conflent et de Capcir et les bourgs et villages de l'est du comté de Cerdagne.
Ces comtés sont dévastées par plus de vingt années de guerres, de passages de troupes, la population décimée par les grandes pestes des années 1650-1652.
Depuis 1283, par décision de l'Assemblée des Députés catalans (les Corts de Montço) sous Pierre III d'Aragon, les Catalans étaient exemptés de droits sur le sel. Lors de la signature du traité, ses décisions sont communément reconduites. Le 17 juin 1660, à Saint-Jean-de-Luz, Louis XIV ordonne un édit créant le Conseil Souverain de Roussillon, « pour de tout juger souverainement et en dernier ressort suivant les lois et ordonnances du pays », ce qui donne pouvoir à celui-ci. Cependant, en novembre 1661, par un nouvel édit de Louis XIV, la gabelle du sel est instaurée en Roussillon
Son montant est destiné à financer l’entretien et la construction de places-fortes, ainsi que le traitement des fonctionnaires français. La mesure est très impopulaire. Le Conseil Souverain refuse d'abord d'enregistrer l'édit car contraire aux "Usatges". Louis XIV ne reviendra pas en arrière, et la gabelle est instaurée. Des gardes seront chargés de surveiller la frontière et de lutter contre la contrebande. Les salins de Canet, sont surveillés. L'importation du sel en provenance de la Principauté de Catalogne est interdite.
En Vallespir, pays de pâtures, le sel est nécessaire à l’alimentation du bétail et à la conservation de la viande. Les habitants sont obligés de le faire venir de l’autre côté de la toute nouvelle frontière.
Un fermier, né à Prats-de-Mollo en juillet 1637, deviendra le héros de la révolte des Angelets, dans le Vallespir. Josep de la Trinxeria et sa troupe, parcourront alors le Vallespir sans que les troupes royales réussissent à les saisir. Ils multiplieront les actions, en placardant des justifications de leurs actes, au nom des droits des Catalans, sur les portes des villes, celles des particuliers, voir même sur les murs des casernes des gardes de la gabelle. En 1668, ils deviennent les « Angelets de la Terra ». Les autorités s'inquiètent de l'ampleur prise par la révolte et de la capacité aux « Angelets de la Terra » à s'organiser.
Un accord est trouvé le 22 décembre 1668. Les habitants du Vallespir obtiennent un prix de faveur pour l'achat du sel. L'annonce de l'arrivée prochaine en Roussillon de nombreuses troupes, la promesse d'une amnistie générale, l'offre de réductions sur les prix du sel ont amené une détente des esprits et la dispersion momentanée des bandes d'Angelets dans les derniers jours de l'année 1668. Mais ce calme fut de courte durée, car ce qu'avait obtenu le Vallespir, les habitants des vallées voisines le souhaitaient aussi.
La révolte qui concernait tout d’abord la comarque de Vallespir, gagne celles de Conflent et de Roussillon.
Les Angelets tiennent la haute vallée du Tech et le Conflent. C’est alors que les Français envoient une armée de 4 000 soldats. Malheureusement, il est plus difficile aux Angelets d'évoluer en terrain découvert que dans les montagnes et les forêts du Vallespir. Le 5 mai 1670, au pied du pla Guillem, les Angelets sont battus au coll de la Regina. Le village de Py, dernière place-forte des Angelets avant la défaite, sera condamné à être rasé, et du sel devra être répandu sur ses ruines.
Arrive l'année 1674, particulièrement difficile pour les Français, en Roussillon. Ils vont devoir faire face à la conspiration de Villefranche visant à rattacher les comtés à la principauté de Catalogne mais aussi à l'entrée des troupes espagnoles. Les troupes du roi d’Espagne franchissent la frontière, et contrôlent une grande partie de la province (Cerdagne et Vallespir, une partie du Roussillon et du Conflent) jusqu'en 1675.
L'armée française reprend le contrôle du Roussillon, la répression atteint toute la population : emprisonnements, condamnations aux galères, exécutions, confiscations de biens, lourdes amendes infligées aux communes notamment celle de Prats-de-Mollo 3 500 livres, et celle de Saint-Laurent 1 600 livres.
Afin que la Révolte des Angelets de la Terra, ainsi que les intrusions espagnoles, ne se reproduisent pas, le système de défense du Roussillon sera considérablement modifié par Sébastien Le Prestre de Vauban. (Fort de Bellegarde, Fort Lagarde, Fort Libéria, Mont-Louis,etc.)