Autre activité historique d’Arles-sur-Tech, le tissage catalan. L'usine fut créée elle aussi comme la chocolaterie Parès, sur l'emplacement "Moli d'En Biouse".
Juste avant la Première Guerre mondiale, en 1911, Georges Camo aidé de trois autres associés, Alexandre Anrich et les frères Joseph et Léon Cantaloup, crée « les Grands tissages d’Arles ». La guerre éclate et c'est Angèle Camo seule qui dirigera l’usine. Au retour de la guerre, Léon Cantaloup se consacre uniquement à la gestion de son usine de chocolat voisine.
À partir de 1924, « les Grands tissages d’Arles » se lanceront en plus de la fabrication des toiles et tresses à espadrille dans la production de linge de maison et du tissage en grande largeur et toiles de bâches.
En 1936, la grève paralyse l’usine, les ouvriers sont rejoints par ceux de la chocolaterie Cantaloup. Ils occupent l’usine et séquestrent G.Camo durant deux jours.
Les locaux ne cessent d’être agrandis, métiers et personnel augmentent régulièrement jusqu’à octobre 1940 ou les inondations mettent au chômage les 125 ouvriers. Georges Camo, à 61 ans, reconstruira l’usine en quasi-totalité, sans aides ni subventions.
En 1949, un atelier de confection est mis en place au premier étage afin de fabriquer des sacs, des rideaux, du linge de maison en tissus catalans. Cette activité va devenir de plus en plus importante, notamment lorsque surviendra la crise de l’espadrille, délaissant la toile de petite largeur qui était revendue aux fabricants d’espadrilles.
En 1950, Pierre Muchart, époux de Marie Camo, dirige l’usine en utilisant les compétences de chacun des ouvriers et met à profit sa formation sur les procédés de teintures. En 1954, afin de donner un nouvel élan à la production, il utilise les dons artistiques du peintre hongrois Lancelot Ney, marié à une arlésienne, afin de renouveler la ligne et le design des toiles. C’est la naissance du tissu bayadère.
L’usine exercera alors une activité plus artisanale, mettant l'accent sur la qualité des produits, le constant renouvellement des modèles. De grandes enseignes telles que le Printemps, les Galeries Lafayette, le Bon Marché, mais aussi de petites boutiques réputées de Paris, des stations balnéaires en vues deviendront des clients réguliers.
L’autre idée novatrice de Muchart sera de vendre à prix « direct-usine » des produits manufacturés. Il créera un espace de vente directement à l’intérieur de l’usine. Le contact avec la clientèle est direct dans ce premier magasin d’usine du département des Pyrénées-Orientales. Le département entrant dans les années 1960 dans une période de tourisme de masse, il ouvrira le premier site industriel touristique du département en créant autour des métiers à tisser encore en activité un espace "musée" retraçant l'histoire du tissage catalan.
Malheureusement, cet engouement touristique bien que très rentable n'est que saisonnier. Pierre Muchart est conscient de ce problème : « Nous sommes terriblement handicapés par l’éloignement de centres de consommation, par les frais fixes très lourds, par les transports défectueux et par le manque de personnel compétent, dû au fait que nous ne pouvons leur assurer un travail régulier tout au long de l’année, ni des logements convenables à prix modiques ».
Doucement, l'usine périclita et ferma ses portes définitivement en 1989.
Au Moulin des Arts et de l'Artisanat d'Arles-sur-Tech, il est possible de visiter l’ancienne salle des machines à tisser, ainsi qu'une projection de films sur l’Histoire du lieu et sur la fabrication d’une toile. (Voir rubrique Musée)