Du 1er avril 1941 au 4 février 1943, la villa Saint-Christohe fut transformée en maison de convalescence pour les enfants issus des camps d'internement de Rivesaltes, Argelès et Saint-Cyprien. Dans cette villa construite fin 19e siècle, sur le front de mer, plus de 200 enfants, âgés de 3 à 15 ans, ont trouvé un havre de paix.
Une action de sauvetage menée par une poignée de travailleurs humanitaires de la communauté Ménonnites, venus de Suisse, des États-Unis, secondés par des réfugiés espagnols et français, ont travaillé en symbiose avec les Quakers, pour sortir des camps, nourrir, instruire, soigner, et réconforter ces enfants sur des périodes allant de 15 jours à plusieurs mois. À partir de 1942, des enfants juifs y ont été cachés et ont ainsi été sauvés de la déportation.
C'est environ une vingtaine de personne qui a œuvré pour accueillir ces enfants et notamment Charlotte Gerber, Helen Penner, et Lois Mary Gunden Clemens, qui se succéderont pour diriger et faire vivre la villa.
Contrairement à la Maternité Suisse d'Elne, la villa St Christophe n'existe plus et avec elle, son histoire. Elle fut détruite dans les années 70 pour laisser place à la construction d'un projet immobilier de sept étages, le Beaulieu.
En 2009, un courrier d'un professeur ménnonite américain Gerlof HOMANN, adressé à la mairie de Canet, fait état de recherches concernant une maison de repos pour enfants réfugiés, la Villa Saint-Christophe, fondée par les Mennonites américains à Canet-Plage. À Canet, personne ne se souvient de cette villa.
Grâce au travail de recherches de Simonne Chiroleu-Escudier, Mireille Chiroleu, et Eric Escudier, un livre "de mémoire" a pu voir le jour, retraçant la vie au quotidien au travers du journal de bord des deux directrices en poste à la Villa Saint-Christophe. Jour après jour, pendant 14 mois, leur journal, des photos, documents, témoignages, racontent la vie de cette maison de convalescence, jusqu’en 1943, période à laquelle l’occupation allemande réquisitionnera la Villa.
Lois Gunden (1915-2005)
responsable de la villa du 30 janvier 1942 au 5 octobre 1942.
Elle recevra à titre posthume la médaille des Justes en 2013.
Ce livre à obtenu le Prix Zakhor pour la mémoire : Histoire, Mémoire et Education en Pays Catalan, prix récompensant une réflexion significative sur les thèmes de la mémoire de la Shoah, la tolérance, l'humanisme, contre toutes les formes d'exclusions.