Valmanya ou le village martyr de la Résistance catalane.



L'activité de ce village situé dans la région naturelle du Conflent, à l'est de Vernet-les-Bains était entièrement tournée vers l'exploitation du fer du Canigou et l'industrie métallurgique. Valmanya possédait une forge qui fonctionnait grâce au système des trompes des Pyrénées. Le gros de l’activité se situa entre 1901 et 1930. La fermeture des mines de La Pinouse dans les années 1930 entraîna un exode rural.

La deuxième guerre mondiale éclate.


Abdon Robert Casso, communément appelé le général Casso fonde avec son père Abdon Sennen Casso, assisté de l'instituteur du village, René Horte, un réseau de résistance dénommé Sainte Jeanne en 1941. En juillet 1944, le maquis FTP Henri Barbusse, composé de Résistants français et de guérilleros espagnols, s'installe dans les anciennes mines de fer de la Pinosa au-dessus de Valmanya. De là, ce maquis mène une opération sur la trésorerie de Prades. Ils s’emparent des fonds nécessaires à leurs activités et de trois collaborateurs qui sont fusillés.

Les 1er et 2 août 1944, des troupes allemandes mènent une opération de représailles sur Valmanya, informés de l'emplacement du maquis. Les maquisards et résistants du Réseau Sainte Jeanne, sur leurs gardes, mettent en place des postes de surveillance. Voyant le convoi allemand arriver de Vinça, ils l'attaquent à 500 mètres du village.


En retardant les Allemands et les miliciens, le maquis permet à la population de fuir dans la montagne. À l'exception toutefois de deux personnes âgées et de deux ouvriers espagnols. Jacques Romeu, Pierre-Jean Beaux, Emitièro Barrena et José Gimeno sont arrêtés, suppliciés et fusillés. Une jeune veuve, habitant dans une ferme isolée, subit de son côté les violences de soldats ivres. Valmanya est entièrement pillé, incendié. Les animaux abattus en masse.



Le 3 août, une partie des Allemands et des miliciens redescendent sur Vinça. Deux kilomètres après Baillestavy, ils sont attaqués à la grenade par un groupe commandé par René Horte, l'instituteur de Valmanya.

Julien Panchot, chef du maquis Henri-Barbusse, fut blessé, torturé et achevé par les Allemands et les miliciens. François Cabaussel, un jeune maquisard originaire de Prades, est porté disparu.



Abdon Sennen Casso, père d'Abdon Robert Casso, est fait prisonnier par les Allemands pour être finalement déporté au camp de Buchenwald. Maria Carmen Bartoli déportée et morte en déportation à Ravensbruck.

Le 11 novembre 1948, Max LEJEUNE, secrétaire d'État aux forces Armées «Guerre, cite à l'ordre du Corps d'Armée, le village de Valmanya, à l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil.

Une plaque installée dans une « grotte », près de Valmanya, commémore l’attaque du village, sa destruction, les quatre exécutions (2-3 août 1944) ainsi que les déportés pour faits de résistance. Les noms de Julien Panchot et de François Cabaussel y figurent également. La destruction de Valmanya, les combats des 1 et 2 août 1944 et la mort de Julien Panchot, solennellement commémorés chaque année sont parmi les événements des années 1940-1944 qui, dans les Pyrénées-Orientales, ceux qui ont laissé un souvenir tenace et profond dans la mémoire populaire locale.