
Cerbère
23 Avenue Gén de Gaulle Cerbère
Cerbère station balnéaire la plus méridionale de France métropolitaine est nichée aux creux des caps Peyrefite, Canadell, et Cerbère. Son territoire s'étage jusqu'au pic de Querroig à 670 m d'altitude.
Les terres de Cerbère furent occupées dès la préhistoire comme en atteste la présence des cinq dolmens et menhirs comptabilisés sur son territoire.
On trouve mention du lieu "Vall de Cervera" dès 981, ainsi que de la tour de Querroig. Une chapelle Sant Salvador de Cervera sera construite non loin du menhir de la Pera Dreta de Sant Salvador.
A partir de 1155, apparait le nom de "Cervera". Petite paroisse "Cervera" sera intégrée pour un temps à sa voisine Des Abelles, paroisse de Banyuls sur Mer.
La Révolution Française sonnant la fin des seigneuries, les habitants purent cultiver les flancs de coteaux abrupts de Cervera.
A la même époque, sur le territoire de Banyuls-Cerbère la contrebande se développe. En 1841, l'administration douanière décidera d'installer un poste frontière afin d'enrayer celle-ci
En 1864, la France et l'Espagne signe un accord prévoyant la poursuite de la ligne ferroviaire jusque-là limitée à Perpignan. Cet accord prévoyait la création d'un nœud ferroviaire au niveau du Coll dels Belitres, la construction de la gare de Cerbère, celle de Portbou ainsi que le tunnel international, inauguré en 1876. La dynamiterie de Paulilles construite en 1870 permettra de fournir le matériel nécessaire au creusement rapide du tunnel.
Dans ce tunnel international, ainsi que dans les gare de Cerbère et Port Bou, les trains ne se croiseront pas. Ils rouleront et stationneront en parallèle. En effet au 19e siècle, l’Espagne a opté pour des voies à écartement russe (1 668 mm) plus larges que le standard international (1 435 mm). Les véritables raisons de ce choix restent floues. Certains ont avancé que l'espagne hantée par l’invasion napoléonienne, pensait ainsi se protéger d’attaques françaises par le rail. D'autres que ce fut un choix technique des ingénieurs pour répondre à un relief espagnol escarpé qui nécessitait des locomotives plus larges.
Toujours est-il que ces 23 centimètres de différence nécessitérent de changer de train toutes les marchandises franchissant la frontière et firent la fortune de nombreux transitaires gérant les opérations de dédouanement et de réexpédition des marchandises. Ces manipulations de marchandises necessiteront l'emploi de nombreuses femmes, dans des conditions bien souvent extremes qui conduira en 1906 à la première grève de femmes "Les transbordeuses d'orange".
Les travaux de la gare Internationale de Cerbère de style art déco avec verrières et ferrailles mise en service en 1878, sont loin d’être terminés. Un mur de 550 m de long aux allures d’aqueduc romain avec ses 24 arcades étagées sur trois niveaux sera construit en quatres années. La construction ne s'acchèvera qu'en 1886.
Tous ces travaux et constructions nécessitant beaucoup de main d'œuvre, de nombreux ouvriers et leurs familles viendront s'installer sur le territoire.
En 1888 la population de Cerbère ayant pratiquement triplée, celle-ci se détacha de Banyuls sur mer et devient une commune à part entière. Les différents recensements sur le village ont compté 1428 habitants en 1891, 2236 en 1931, 2438 en 1962, et 1355 en 2017.
Cerbère, petit port de pêche bâti au creux d'une anse abritée entre le cap Canadell et le cap Cerbère connaitra une cinquantaine d'années de prospérité grâce à la voie de chemin de fer et à ses activités douanière. Pour accueillir tous ces voyageurs qui attendent leur train il faudra construire des hôtels. L'Hôtel Belvédère du Rayon Vert lui ouvrira en 1932.
Le Coll dels Belitres ainsi que le tunnel international furent parmi les principaux lieux de l'exode des républicains espagnols après la victoire des troupes franquistes en 1939. Du 28 janvier au 9 février 1939, 35 000 réfugiés républicains espagnols traverseront à pied le tunnel d'un kilomètre pour fuir les troupes nationalistes de Franco. Un mémorial au coll dels Belitres le long de la route qui conduit de Portbou à Cerbère témoigne de ses longs moments d’attente dans le froid, la faim et la peur la "retirada", l'exil des républicains espagnols en 1939.
En 1947, la ville de Cerbère pour "services exceptionnels, actes de dévouements répétés accomplis au péril de la vie pour la France, soit à titre civil, soit au titre de la résistance", recevra la médaille d'argent de la Reconnaissance Française. Cette distinction n'a été attribuée qu'à six villes françaises dont deux dans les Pyrénées-Orientales : Céret en 1946, et Cerbère en 1947. Durant la deuxième guerre mondiale, le village a notamment accueilli les premiers marins des Forces Françaises Libres à l'école primaire en septembre 1944. Grâce au dévouement des cheminots, douaniers, et Cerbèriens, plus de 2000 personnes ont pu passer la frontière de 1941 à 1944.
Relativement enclavée, Cerbère au bout d'une petite route sinueuse qui dissuade le tourisme de masse offre un charme discret avec ses criques sans foule, ses plages de galets, la réserve marine Cerbère-Banyuls et son arrière-pays sauvage avec ses balades et randonnées jusqu'à la tour de Querroig. Son patrimoine se découvre au travers de l'Hôtel du Belvédère, des anciennes demeures des transitaires, du vieux wagon symbole de l'histoire des "transbordeuses d'orange", du mémorial du Coll dels Belitres entre autre.
602, la toute dernière borne frontière des Pyrénées.
Le 7 novembre 1659 sera signé sur l’île des Faisans, le traité des Pyrénées entre Mazarin, ministre de Louis XIV et Don Luis de Haro, premier ministre du roi Philippe IV d’Espagne qui mettra fin à la guerre de Trente Ans. Il faudra attendre plus de deux siècles avant que le tracé de la frontière ne soit définitivement. À partir de 1856 la frontière sera matérialisée par 602 bornes et croix numérotées d'ouest en est.